au balcon de l’Europe

jeudi 16 octobre 2008

Sur la Cinq, ou peut être sur Arte,  les « hommes du président ». Robert Redford et Dustin Hofmann au sommet de leur art.  Le journalisme au faîte de sa gloire contemporaine ou de son mythe.  Sur la Deux,  « l’ivresse du pouvoir » avec ses relents de pétrole et d’affaire Elf. Ministres et maîtresses ressemblent à s’y méprendre aux images que nous avons encore en tête.  Isabelle Huppert est dans le rôle d’une juge et dans la lignée de ces personnages d’ emmerdeuse qui lui collent à la peau.  

Un  dimanche soir comme les autres. Les  Experts sur la une. Bof. L’envie de traîner encore un peu sur LCI,  le temps qu’ailleurs ils finissent leur tunnel de pub. Et puis des papiers à écrire ce soir; une Semaine qui s’annonce. Sur la chaîne info, c’est l’invraisemblable  élégance de la jeune journaliste  aux cheveux corbeau, aux mèches folles,  à la coiffure en éternel pétard  et aux tenues déjantées qui crève l’écran. Les couturiers semblent à ses pieds et nous on s’y est fait. Elle ne tardera pas à débarquer ailleurs. Au moins on ne la confondra  pas avec d’autres qui sont simplement belles et probablement intelligentes.  Sébastien Loeb vient de l’emporter en Corse. Images de trajectoires affolantes, explications tranquilles du  pilote. Et puis soudain, talon, pointe, frein et accélérateur ou brusque coup de volant ? En tout cas on se retrouve en direct à  l’Elysée où le président patiente devant son micro, le temps de laisser la journaliste bafouiller une transition.  
Nicolas Sarkozy, José  Manuel Barroso, Jean-Claude Trichet et Jean-Claude Juncker côte à côte, chacun à son pupitre. Couleurs d’Europe, couleurs de France en toile de fond.  Une bonne heure d’un quadruple exposé et d’une conférence de presse qui vont tenir en haleine et bluffer tous ceux qui ont la chance d’accrocher le bon wagon télévisuel  au bon moment. Un espace pendant lequel il était difficile de ne pas sentir souffler un vent nouveau, ou pour le moins un sentiment neuf. Non plus seulement celui de la panique ou des apparences sauvegardées qui nous avaient laissés pour le moins sceptique jusque-là. Mais comme un souffle d’histoire. Le temps d’un coup de télécommande pour voir si toutes les chaînes se sont mises à l’unisson. Non. Ailleurs la vie normale continue… Redford, Huppert. Alors on revient vite. Le temps de sortir délibérément du sujet, de cultiver un peu de mauvais esprit en se demandant à quoi ressemblerait aujourd’hui le retour de Munich en 1938… et on replonge dans les mots, dans les attitudes. Dans cet ensemble de déclarations qui finit par faire un tout cohérent. Dans ces circonstances qui ne font voir que des intelligences réunies, des personnalités dont certaines semblent sublimées par les circonstances.
Sarko part au quart de tour, Barroso plante des banderilles, Trichet s’humanise. Jean-Claude Juncker, un peu comme un diesel , est le plus long à se mettre en route. C’est aussi celui qui ensuite, raccrochera le mieux les principes financiers mirobolants adoptés avec la vie et les attentes de ses concitoyens, avec l’impérieuse nécessité d’apporter une réponse. Imaginez ce que cela aurait été avec  quinze monnaies différentes en Europe ?
Pour la première fois depuis bien longtemps, j’ai le sentiment que mon vote pour Maastricht,il y a longtemps, pour  l’acte unique européen et même le référendum  pour la constitution n’a pas été perdu. Que le vrai enjeu finit par apparaître. Celui  de la présence de notre Europe et d’un rôle qu’elle pourra jouer dans le monde. Peu d’autres voix aussi fortes se sont faites entendre ces derniers temps me semble-t-il.  Et de se sentir frère de Juncker, de Barroso, de Trichet et même de Sarkozy  allez savoir pourquoi, mais ça m’a fait du bien.

retrouver les précédents édito ...

outous les éditos ...  

    soyez le premier à réagir à cette information.
Ajouter un commentaire
 
Objet:
   
Nom:
E-mail:
Site Web:
 
(pas d'HTML - les liens sont convertis si ils sont préfixés par http://)
 
se souvenir?