étudiants, diants, diants !

jeudi 15 novembre 2007 12:00 par JPJ    Metz

C'est la vieille blague éculée qui circulait après mai 68. Celle qui prétendait qu'aux étudiants qui les poursuivaient de leur slogan " CRS, SS ", les forces de l'ordre auraient répondu en scandant sur l'air des lampions " étudiants, diants, diants"....

Quelques jours avant que ne se déclenche à propos des régimes spéciaux de retraite une grève qui s'annonce plutôt dure (et qui pourrait être longue vu le renfort annoncé de tous ceux qui ont quelque chose à réclamer) certaines organisations étudiantes ont donc décidé de partir à l'assaut de la loi Pécresse sur l'autonomie des universités. Bouclage d'universités, actions coup de poing comme celle de l'autre jour gare du Nord qui consistait à entraver la circulation des trains. Menace de blocages de ces mêmes trains la veille du jour où ils s'arrêteront pour cause de grèves. Scrutins à bulletin secret sur le déblocage des facs non respectés.

Etudiants, diants, diants...disions-nous, parce que les slogans hurlés ces jours-ci et repris avec un peu moins d'empressement que d'habitude sur les télévisions  se ramènent le plus souvent à des concepts que l'on pensait définitivement abrités au musée des arts premiers. Toutes les caractéristiques de l'invocation non comprise mais reprise comme une ritournelle opportuniste y sont. Colères feintes et indignations à deux sous, vieilles lunes et petites manigances. Une agitation n'ayant d'autre but que d'entraver une orientation, peut-être discutable pour certains, mais ayant le mérite d'avoir été annoncée clairement avant les élections du printemps dernier. Des rendez-vous qui ont connu un taux de participation  n'ayant rien à voir avec les quelques AG au débotté organisées ces derniers jours.  

Je ne prétends pas que le texte soit parfait. Pour souffrir de l'approximation de dispositifs réglementaires régulièrement adoptés, comme par exemple l'invraisemblable charabia sur les heures supplémentaires,  nous savons à quel point l'absurde parfois voisine avec les meilleures intentions. Une forme de cynisme fort désagréable plane aussi sur un certain nombre de mesures gouvernementales... même si elles ont les apparences de la générosité ou de la compréhension. Plus personne ne se berce d'illusions.

Cela étant, cette loi votée au coeur de l'été et en partie vidée de son contenu puisque l'autonomie des universités n'a remis en cause aucun des tabous  jusqu'ici vénérés, semblait avoir recueilli un avis plutôt favorable de la grande majorité des présidents de ces mêmes universités. Des personnes a priori élues sans contrainte par leurs conseils et qui reconnaissaient que les choses allaient plutôt dans le bon sens. Que les conseils pléthoriques rendaient les boutiques ingouvernables. Que la non-ouverture au monde extérieur était facteur d'appauvrissement plus que de garantie d'autonomie.

Pas forcément facile à faire comprendre. " Si on laisse des chefs d'entreprise entrer dans les conseils d'université on passe dans une logique de production d'étudiants au service de filières économiquement rentables " me disait un enseignant pourtant ouvert. Qu'il se rassure. La majorité des chefs d'entreprise a autre chose à faire que d'aller siéger dans les universités. Ils seront en nombre limité et agrés. Et il me semble que l'apport au domaine culturel, artistique et humanitaire d'un certain nombre d'entreprises au cours des dernières années, devrait contribuer à dissiper au moins cette diabolisation.  Elle n'empêche pas pour autant la lucidité,  la prudence et le discernement. Cela aussi peut s'apprendre et même s'enseigner !