double crime de Montigny

lundi 17 décembre 2007 11:20 par JPJ    

Heaulme ne peut pas être un coupable de substitution

" Nous ne sommes pas en mesure de dire aux familles que nous avons élucidé les conditions de la mort de leurs enfants ". Joël Guitton, procureur de Metz a expliqué pourquoi il avait requis un non-lieu en faveur de Francis Heaulme dans l'affaire du double meurtre de Montigny.

" Je ne dispose d'aucun élément permettant le renvoi de Francis Heaulme devant une cour d'assises pour le double crime de Montigny. J'invite donc à un non-lieu tout en soulignant combien la justice ne peut se satisfaire d'un tel constat. Je voudrais dire à quel point je regrette de devoir le faire devant le chagrin et le désarroi des familles, mais je crois que nous leur devons cette sincérité... Sincérité des recherches comme sincérité des conclusions.  En dépit de l'effort exceptionnel des enquêteurs de la police puis de la gendarmerie et des magistrats, de leur passion pour la recherche de la vérité,  nous ne sommes pas en mesure de dire aux familles que nous avons élucidé les conditions de la mort de leurs enfants... " C'est avec gravité et émotion que Joël Guitton, procureur de Metz  a expliqué mardi lors d'une déclaration à la presse les circonstances et les étapes qui ont amené le parquet de Metz à requérir un non-lieu en faveur de Francis Heaulme dans cette affaire.

Coupable de substitution
Une décision " inéluctable compte tenu de l'insuffisance des charges réunies " dans le dossier du double meurtre des deux garçonnets en 1986 à  Montigny-lès-Metz. " Patrick Dils, a poursuivi Joël Guitton a été déclaré non coupable par la cour d'assises du Rhône en 2004... Je n'ai pas les éléments pour envoyer Francis Heaulme devant une cour d'assises pour ce double crime. Pas plus qu'un autre, il ne peut être un coupable de substitution ".
Point final à cette affaire  qui en vingt ans a connu de multiples rebondissements? Non, bien sûr, tant qu'aucun coupable n'aura été trouvé, mais " en l'état actuel des choses nous ne disposons d'aucune piste exploitable " dira encore le procureur.

Signature criminelle
Déjà condamné à six reprises pour meurtre, Francis Heaulme avait été mis en examen en juin 2006 pour les homicides volontaires de Cyril Beining et d'Alexandre Beckrich, retrouvés en septembre 1986 le crâne fracassé sur une voie ferrée à Montigny.

En 1989, c'est un apprenti-cuisinier de 16 ans, Patrick Dils, qui avait été condamné à la perpétuité par la cour d'assises des mineurs de la Moselle pour ce double meurtre. En 2001, il avait été une nouvelle fois condamné à 25 ans de réclusion par la cour d'assises de la Marne lors d'un procès en révision à Reims avant d'être acquitté par la cour d'assises du Rhône le 24 avril 2002 à Lyon. Présentée au cours de ce troisième procès, une enquête de synthèse de la gendarmerie avait conclu que le double meurtre de Montigny portait la "quasi-signature criminelle du routard du crime, Francis Heaulme".

Faire l'intéressant
En juin 2006, Francis Heaulme avait reconnu qu'il était monté sur le talus où gisaient les corps des deux enfants avant de revenir sur ses déclarations. "J'ai dit ça pour faire l'intéressant", avait-il dit en se rétractant. " Nous avons relevé un certain nombre  d'indices relevant d'une constante comportementale du tueur en série  comme le jet de pierres, l'hospitalisation dans les jours suivants, le fait de retrouver les victimes partiellement dénudées... mais  il ne s'agit pas d'éléments de preuve de la participation de Francis Heaulme au meurtre " a conclu le procureur de Metz.
 En avril dernier, d'ultimes analyses effectuées sur un pantalon de Heaulme, saisi en octobre 2006 au cours d'une perquisition chez la grand-mère du tueur en série à Vaux, près de Metz, s'étaient révélées négatives. Elles privaient l'instruction de l'élément matériel capable de fonder les indices rassemblés contre le tueur en série par les gendarmes.

"L'enquête de synthèse de la gendarmerie, qui avait été au coeur du procès de Lyon de Patrick Dils, s'est effondrée au terme de ces analyses", a estimé Me Rondu, avocat de la famille Beckrich qui veut maintenant obtenir un quatrième procès de M. Dils même si les textes ne prévoient pas actuellement que des parties civiles puissent demander la révision d'un procès d'assises.