j’ai emmené Dalton

jeudi 15 mai 2008 08:00 par JPJ    Metz

Près de 22 heures lundi soir. Retour à pied d’un dernier tour en ville. Le temps de boire un verre sur une terrasse, de se remettre dans une ambiance fériée après l’avoir mise entre parenthèses pour cause de journal à préparer. Metz me semble sortir d’une féria, comme  à Nîmes, du moins sur quelques terrasses réunies. JMR n’avait pas forcément tort lorsqu’il dénonçait une certaine forme de saleté, de négligence. Sur la terrasse du glacier où j’étais l’avant-veille avec mes petits-enfants, le garçon froissait la note dès qu’elle était payée et la balançait par terre. Etonnez-vous après cela  que le client ne soit pas regardant.  

Alors ce sera place de Chambre à l’Opéra café. Le sourire d‘Emilie et une terrasse tenue, malgré la fatigue de ces cinq jours de folie pendant lesquels elle a été dévalisée. Plus une rondelle de saucisson à se mettre sous la dent en buvant une mousse. Et puis cette habitude toujours sympa  dans le quartier de voir les commerçants se rendre visite les uns aux autres.

Retour devant l’Arsenal où nous cheminons pour rentrer quand un jeune homme  nous aborde. Même pas un prétexte pour me taper une cigarette que je n’ai pas, ni même  deux euros. Là, faudrait voir…Avec son énorme sac sur le dos, un autre accroché au bras et une grande poche plastique qui lui sert de porte-documents, il cherche le quartier Colin. Il arrive d’Annecy et est chasseur alpin. Il peste un peu contre le manque de précision de sa convocation pour un stage qui lui permettra d’être brancardier. Quartier Colin, mais où ? En voyant les indications Arsenal il a suivi la piste en se disant que les militaires ne devraient pas en  être loin. Le général gouverneur oui, le quartier Collin non ! Le temps de lui expliquer que l’Arsenal est une salle de musique et le quartier Colin, c’est au fin fond  de Montigny (avec mes excuses Jean-Luc Bohl, mais c’est l’expression qui m’est venue.) Bref , je lui dis qu’à cette heure-ci et un soir de férié sans bus il n’est pas près d’être arrivé.
Alors, ni une ni deux ( on dirait Canteloup faisant MAM)  je lui propose de nous raccompagner puis de l’emmener sur place en voiture. Il est de Bordeaux. Il avait réussi je ne sais quel concours et pouvait choisir entre les pompiers de Paris et les chasseurs alpins. Il a pris les chasseurs. En venant à Metz pour être brancardier il  se perfectionne . En octobre il partira en Afghanistan. «  C’est pas bien notre histoire ce qui se passe là-bas  mais nous avons un savoir-faire en montagne que les Américains n’ont pas . A        eux les grosses machines. A nous l’art de progresser dans les collines et d’y débusquer des rebelles ». Il s’appelle Yannick. Bien sûr il pense aux 12 à 14 000 euros de prime qu’il touchera pour les quatre ou six mois là-bas. Il pense aussi  à ce qu’on leur a dit. «Vous partez à 30, essayez de revenir à 30, mais ce n’est pas sûr ». Façon de couper l’envie de jouer aux cow-boys. Même pour lui qui s’appelle Dalton.
Je ne sais pas pourquoi, mais quand je rentre chez moi ensuite je suis content. J’ai trouvé un sujet d’édito, mais il n’y a pas que ça. Content d’avoir connu ce jeune homme, de penser à lui quand je verrai des images d’Afghanistan dans les prochains mois. Dans le temps on appelait ça l’esprit armée nation. Grâce à l’absence de bus ce soir-là, je l’ai un peu retrouvé. Beaucoup mieux qu’en écoutant MAM à la télé. Beaucoup mieux que quand c’est Hervé Morin. Paraît que ce dernier s’arrange et apprend bien le métier, mieux que sa prédécédrice  m’a confié un très haut gradé l’autre jour. Vous voyez bien, rien n’est jamais acquis ni désespéré.
Salut Dalton et merci.

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