déplacements urbains

samedi 16 février 2008 18:00 par la Semaine Numérique    Metz

Au-delà des polémiques, les choix des candidats

C'est un point généralement admis, même par les partisans du maire sortant : Metz n'a toujours pas franchi le pas d'une véritable politique de transports en commun. Une situation qu'illustre la mise en point chaotique et la réalisation laborieuse d'un plan de déplacements urbains (DPU) pourtant modeste. Pas étonnant dans ces conditions que les déplacements dans la ville comme dans l'agglomération soient devenus un des éléments du débat municipal qui s'engage.

Il y a quelques années encore la question était de savoir s'il fallait faire un tram ou pas. " Complètement fou et ruineux " disait Jean-Marie Rausch n'en finissant pas d'ironiser sur les nouveaux trams " profilés comme des TGV qui ne passeraient même pas par les rues des centres-villes anciens. " " Ca s'étudie " disait la gauche et cela serait le symbole d'une vraie volonté de sortir d'une politique de transports qualifiée de ringarde.

Deux ans de blocage
On en était resté là et on s'acheminait, sous l'égide de la CA2M, vers la solution plus légère d'un axe de transports en commun en site propre (Mercy, centre-ville Woippy) en attendant mieux. Axe lui-même empêtré dans les difficultés puisque la partie du site propre de l'avenue de Strasbourg aurait dû être actuellement mise en fin de chantier… alors que rien n'a commencé. Les expositions et consultations publiques ont bien eu lieu il y a deux ans avant que ne surgisse un problème de territorialité de la voie. C'est le Conseil général de la Moselle qui était devenu l'héritier de cette ancienne nationale et on n'a pas été fichu de s'entendre avec lui.

C'est dans ce paysage qu'est réapparu le tram-train il y a un peu plus d'un an. Jean Martin adjoint au maire  de Metz  à la fin des années 80 et jusqu'en 95, revenu dans le circuit rauschien en 2001 y avait toujours été favorable. Il en rêvait de ce circuit ferroviaire faisant la boucle autour de Metz et utilisant les voies existantes ! Marie-Jo Zimmermann avait dû, avec Jean-Louis Masson toujours prolixe en projections, en parler aussi au tournant des années 90 .  On bloquait  sur une position de la SNCF considérant que ce n'était pas possible pour cause de saturation sur le secteur compris entre Metz-Nord et la gare centrale.  Jusqu'au jour où une réponse moins formelle est arrivée. "  Cela pourrait peut être faire l'objet d'une réflexion ". D'où l'enthousiasme de Jean Martin et la légitimité ferroviaire reconquise de Marie-Jo Zimmermann. D'où les querelles de paternité et aussi une vraie interrogation sur ce que pourrait être la bonne solution pour Metz et son agglo en termes de déplacements urbains.

Nous vous proposons de faire le tour des philosophies et projets en présence dans ce domaine. En deux mots : Dominique Gros et Nathalie Griesbeck sont pour un bus way et trouvent que le tram-train est une fausse bonne idée, voire une escroquerie intellectuelle. J.-M. R. n'est pas chaud mais n'exclut rien, jouant les deux cartes à la fois. Zimmermann est 150 %, pour Lebeau a son propre projet de tram.

Jean-Marie Rausch : ouvert à tout et rêvant à autre chose
Jean-Marie Rausch la joue plutôt roublarde. Il sait faire. Le train-tram, il n'y croit pas plus que cela en raison des problèmes techniques et de coût sur le secteur rouge. Du moins pas dans l'immédiat. Il a néanmoins laissé son adjointe Anne Stémart et Jean Martin exprimer leur attachement à cette solution pour garder la main sur le fond de commerce et contrer MJ Zimmerman.
Le tram ? Il est contre, violemment contre. " Trop cher et pas fonctionnel ".
Le projet de transports en commun en site propre du PDU : il va s'efforcer de le faire s'il est réélu en commençant par le secteur délicat du centre-ville, le passage entre République et Université. Viendra ensuite l'avenue de Strasbourg.
Il rêve à terme d'un autre système plus écolo, plus pratique. Il a promis de sortir presque tous les gros bus du centre piétonnier l'an prochain.

Marie-Jo Zimmermann : train-tram  nous voilà !
Edition spéciale distribuée sur les pare-brises et dans les boîtes-aux-lettres des Messins. Le train-tram est devenu (avec la station thermale de l'Amphithéâtre) le projet emblématique de Marie-Jo Zimmermann et de Denis Jacquat qui aurait à le driver au niveau de la CA2M. Un côté " bon sens près de chez vous " que les deux veulent incarner. Une large prise de parole pour en revendiquer la paternité dès 89. Un plan pour expliquer  où sont les gares existantes et celles qu'il conviendra de créer.  Une complémentarité avec des lignes de bus radiales qui offriraient les liaisons inter-quartiers et intercommunales.
Dès le lendemain de son élection, M.-J. Z. prévoit de mettre en route ce projet. Pas de chiffrage précis jusqu'à présent mais une volonté politique  forte. Les autres aspects du programme concernant la circulation sont  plus ponctuels : passage à niveau de La Patrotte, rond-point à Plantières, desserte directe de l'Amphithéâtre...

Nathalie Griesbeck : un bus way et un ring
L'approche est fondamentalement différente chez Nathalie Griesbeck. Le train-tram ne résiste pas l'analyse :  le coût serait faramineux, techniquement cela serait quasi impossible sans perturber la desserte TER qui doit elle aussi être améliorée. Enfin en termes d'offre et de desserte cela ne serait pas pertinent. " Les transports lourds doivent desservir des zones denses et pas des zones d'habitat disséminé. C'est une question de bon sens et d'économie ".
La solution préconisée est celle d'un bus way Mercy-Woippy présentant " les mêmes avantages et la même qualité qu'un tram avec un coût trois fois inférieur ". Il constituera l'axe structurant des transports en commun et sera très proche de celui envisagé pour le TCSP actuel. S'y ajouterait un ring, un anneau périphérique desservi par des bus cadencés permettant de relier les quartiers entre eux.
Enfin le centre serait libéré de ses bus et des petits véhicules électriques seraient proposés en location du type vélib.

Domnique Gros : de l'audace au centre
Il rêvait d'un tram parce que ce type d'équipement est synonyme d'une vraie prise en compte des déplacements et de l'environnement. Il  ne croit pas au train-tram soudain ressuscité et tel qu'il pourrait apparaître dans la configuration des lignes actuelles. "  C'est un débat surréaliste entre deux listes de l'UMP. Ni la SNCF ni RFF ne peuvent le garantir. Faire croire que c'est actuellement la solution est une escroquerie intellectuelle ".
Il est partisan d'un axe structurant du type busway de qualité. Il est surtout partisan d'une réflexion " beaucoup plus tonique que celles actuellement en cours pour la liaison entre République et Université-Belle Isle. Pourquoi pas un élargissement de ponts, un passage par des lieux moins conventionnel ".  
Très porté sur tous les modes de déplacement alternatifs il prône aussi une politique futée de parkings dans des secteurs sans valeur de vie ajoutée comme les espaces sous l'autoroute A 31.


Emmanuel Lebeau : la trame et le tram...
Première équipe à s'exprimer par écrit sur ce dossier dès l'an dernier, celle de 2008.com a relevé à sa manière le défi des blocages du tram à Metz. Blocage du coût ? Il suffit, pour un geste fort d'y affecter le produit de la vente de l'UEM. Blocage technique du passage en centre-ville ? Il a suffi de trouver une trajectoire permettant de relier Mercy à la gare puis la gare à Woippy tout en contournant le cœur ancien par les avenues Jean XXIII, les boulevards Maginot et Paixhans. Un profil qui peut paraître surprenant avec une hernie au niveau de la place Mondon mais qui a le mérite  de faire sauter les verrous. Une date ? 2014.
Il s'agit d'une hypothèse que ses auteurs craignaient de voir reprise par leurs concurrents mais qui est suffisamment osée pour que personne ne s'y soit risqué.
Le tram-train ? "  difficile d'être contre par principe puisque notre projet prévoit une interconnexion. "