à la manière d’Andersen

mardi 11 mars 2008

Il était une fois une ville où le maire sortant, depuis son beau bureau tout moderne, réussissait presque tout ce qu'il entreprenait. En tout cas, depuis plus de 35 ans que cela durait, il s'arrangeait pour donner toujours l'impression d'avoir raison et de gagner. Et comme c'était souvent vrai, la gazette s'empressait de le confirmer.
Une ville où le leader de l'opposition de gauche, sur son petit vélo, semblait condamné à avoir moralement raison sur bien des points, mais techniquement, financièrement et surtout politiquement tort sur toute la ligne! Il avait beau raisonner, démontrer et s'époumoner, rien n'y faisait. Même l'arrivée à ses côtés d'un bel esprit nourri aux grandes écoles n'y avait rien changé. Alors l'esprit s'en était  allé rejoindre la cour.

Il était une fois une ville où ceux qui avaient touché de près ou de loin au pouvoir et y avaient pris un goût trop visible, avec ou contre le maire d'ailleurs, se trouvaient au fil du temps relégués au bord du chemin. Comme autant de témoins du fait que la puissance était inconcevable sans lui. C'est à peine si les élections étaient encore nécessaires. D'ailleurs la moitié des habitants n'y participait plus. De temps à autre, comme dans le conte d'Andersen sur les habits neufs de l'empereur, un enfant ou une petite liste effrontée s'écriait " mais le roi est tout nu ! ". Chut lui répondait-on. " Ce n'est qu'un essayage. Notre prince est forcément entouré des meilleurs couturiers pour lui tailler un nouvel habit à sa mesure ".
C'est dans cette ville de Metz qu'un dimanche de mars 2008 le résultat des élections municipales présenta tout d'un coup une nuance inattendue. Oh, pas un drame. Juste un écart de 10 points en faveur de l'homme au vélo dont certains avaient pensé qu'il ne faisait qu'un dernier tour de piste alors qu'il avait construit patiemment une équipe et même un programme. Un écart que le " bon sondage de la bonne gazette " n'avait pas prévu et qui ébranla le maire. Du coup, il ordonna à ceux des protagonistes qu'il considérait comme étant de son propre camp d'arrêter de jouer puisque lui-même se sentait menacé. Il exigea de deux femmes, à la fois de tête et de liste, dont il spéculait sur l'inimitié réciproque et dont il avait brocardé depuis des mois les faiblesses par lui décrétées, qu'elles se retirent. " Et puis c'est tout", crut-il bon d'ajouter afin d'être sûr qu'on l'ait bien compris.
Et là, pour la première fois dans l'histoire de la cour… elles ne le firent pas ! Au contraire, elles annoncèrent derechef qu'elles allaient fusionner effaçant d'un coup de baguette magique vingt années de brouilles et de jalousies. Mieux même, elles furent rejointes par la petite liste effrontée. Celle à qui le bon sondage de la bonne gazette ne donnait que 2% des voix mais qui , conformément au sondage de la Semaine, avait atteint les 5 % fatidiques et avait donc son mot à dire.

C'est donc sous un ciel nouveau que les électeurs de la ville furent invités cette année-là à se rendre une deuxième fois aux urnes pour désigner leur souverain. Ils eurent à choisir entre leur maire sortant, Jean-Marie Rausch et son équipe ouverte, Dominique Gros, héros du premier tour et sa gauche ouverte, Marie-Jo Zimmermann vedette de l'entre-deux tours et sa liste ouverte. Et l'incertitude aussi, resta longtemps ouverte !

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