municipales à Metz

vendredi 14 mars 2008 14:00 par JPJ    Metz

Histoire secrète d'un week-end  qui a tout bousculé.

Comme l'aurait dit ma grand-mère, "trois portes de sortie ne font pas forcément une porte d'entrée"... N'empêche que l'annonce de la fusion des listes de Marie-Jo Zimmermann, Nathalie Griesbeck et Emmanuel Lebeau a fini par constituer le fait divers politique du premier tour des municipales à Metz. Au point d'éclipser pendant trois jours le très beau score de Dominique Gros (34%)  et la deuxième place de Jean-Marie Rausch, même s'il n'atteint que 24% des voix.

Envisagée comme le " pire des scénarios " par Jean-Marie Rausch, l'hypothèse d'une triangulaire dans laquelle il se retrouverait seul s'est dessinée au fil des heures et semble offrir mathématiquement à la gauche les plus belles perspectives. Restent les inconnues que constituent les reports de voix, la participation et l'attractivité des trois candidatures. Mais tout va aller très vite, dans un sens comme dans l'autre d'ici dimanche. En attendant, retour sur ce week-end fou.

Vendredi 7
10 H 00 : Rubik's cube
Installée devant son téléviseur, Nathalie Griesbeck visionne les images du débat diffusé la veille au soir sur France 3. Histoire de confronter son ressenti de participant à celui de téléspectateur. " J'ai trouvé le temps un peu long. Rausch pataugeait. Certaines de ses explications comme celle où il se considère comme irremplaçable parce qu'aucun autre candidat n'a jusqu'ici été maire de Metz ont même provoqué l'hilarité générale. Gros s'est énervé pour rien sur les transports. Je trouve que les deux femmes s'en sont un peu moins mal sorties, au moins sur la forme. Il y a quand même une façon d'aborder les choses… qui date un peu moins ".
Et les rapprochements éventuels avec son voisin de tribune, Dominique Gros ? "  Je ne vois pas pourquoi tout le monde limite l'horizon de mes perspectives à JM Rausch et à Gros. Je peux m'allier avec d'autres. Il faut savoir tourner le rubiks cub dans tous les sens. Cela ne me pose aucun problème. " Indication...

Samedi 8
11 h 30 : Trafalgar !
Un petit orchestre sur la place Saint-Jacques. Marie-Jo Zimmermann et son équipe sont installées  à la terrasse du Trafalgar. Tout un programme ! Contacts, discussions avec les passants. Petits apartés autour des tables : la culture, le périscolaire, Pompidou…  
A la terrasse d'en face, celle du Pop White, anciennement Deux Zèbres (tout un programme ? là c'est vous qui le dites) les tee-shirts blanc et noir des supporters de Nathalie Griesbeck se rassemblent. Leur chef de file viendra les rejoindre. Pour l'heure, c'est Marie Jo Zimmermann qui se laisse aller aux confidences : "  les gens me disent que si je rejoins Rausch, ils se considéreront comme trahis. Cela m'interpelle. Il faut trouver quelque chose de re-fondateur ". Indication...

21 h 00
Il aura poussé la conscience professionnelle jusqu'au bout, jusqu'au dernier soir. Sur la scène de la salle Braun, Jean-Marie Rausch est entouré d'une brochette de coéquipiers pour cette ultime réunion d'avant premier tour. L'esprit du public est déjà ailleurs et les questions ont du mal à venir.
Alors JMR raconte Pompidou. Plutôt bien d'ailleurs, même s'il finit parfois par donner l'impression de prendre de haut le maire de Bilbao qui à l'époque était en position de " demandeur " par rapport à Guggenheim alors que lui JMR  a pu tout négocier en position de force. Oui, mais l'idée de génie, c'est bien le maire de Bilbao qui l'avait eue ! Là aussi, comme dirait Noël Jouaville dans son intervention (au demeurant bonne) à propos des programmes des candidats, l'original vaut mieux que la copie. Conclusion de JMR. " Votez massivement pour nous dès le premier tour car après il faudra négocier pour faire barrage aux socialo-communistes ". Toujours pas de contre-indication.

Dimanche 9
20 h 30 : Abasourdis !
 
Il a mis du temps à sortir de son bureau... Lors des soirées électorales à la mairie de Metz, JMR recueille en général les premières informations avec quelques intimes ou collaborateurs directs dans son bureau. Estimations, premières sorties des bureaux de vote lui sont communiquées et il discute de l'angle d'analyse. Puis, en général vers 19 h 30 lorsque les tendances sont claires il vient partager avec ses équipiers, élus et supporters un verre dans le petit salon juste à côté. La haie d'honneur se fait et souvent les applaudissements crépitent. Rien de tout cela ce soir. L'ambiance est lourde. Les vieux compagnons n'ont pas le cœur à rire. Les nouveaux se demandent ce qui leur arrive. Il est déjà 20 h 30. Sonné quoi qu'il en dise par un écart qu'il n'attendait pas aussi important avec Dominique Gros, étonné de n'avoir pas décollé du niveau que lui conférait un sondage du RL il y a un mois et auquel il se raccroche comme à un gri-gri, Jean-Marie Rausch va aligner les chiffres et les certitudes. Il a un potentiel de voix de 55 % ;  il faut que Mesdames Zimmermann et Griesbeck se retirent si elles ne veulent pas prendre la responsabilité historique d'une victoire de la gauche à Metz ; il est en position de force ; il demande le retrait des deux. A la hussarde !

21h 00 : Chez Maire
Simple comme un coup de fil ! Installée dans son bureau rue de la Paix où une petite équipe collecte les informations des correspondants Nathalie Griesbeck fait ses comptes. Pour  les cantonales (c'est plutôt bon) comme pour les municipales (là, ça n'a pas pris). Elle ne poursuivra pas sa course vers la mairie cette fois-ci. Entendue sur France Bleu, la déclaration de Jean-Marie Rausch appelant au retrait lui apparaît comme une provocation… comme un tremplin aussi vers Marie-Jo Zimmermann. Celle-ci est en réunion avec son équipe au Coup d'œil rue du Général Mettmann. Les deux femmes ont prévu de participer à un plateau télé à RTL 9 à 22h 30... pas question d'y arriver pour y subir la morgue de JMR lui-même traumatisé par son score devant Gros. Rapprochement, fusion ? On se retrouve dans un quart d'heure au Restaurant Maire ( tout un programme, là encore). Le principe d'une fusion est admis, d'un travail sur le programme et sur la liste. En route vers la télé.

22 h 45
Jean-Marie Rausch est encore au maquillage quand  il apprend la nouvelle de la fusion. Malgré le fond de teint, il pâlit. Pendant l'émission il n'en mènera pas beaucoup plus large. Dominique Gros qui s'apprêtait à pourfendre le ralliement de Zimmermann à Rausch met un peu de temps aussi à s'y faire. Alors il  revient à son programme, au porte à porte, à la confiance… et à son très bon score. Un résultat qu'il dédiera à Jean Laurain, ancien ministre PS messin décédé vendredi. Il le fera depuis le plateau télé de France 3 dans le grand salon de l'hôtel de ville car entre-temps tout le monde s'est retransporté à la mairie pour une nouvelle émission en direct.

23 h 30
Rausch qui avait salué de façon glaciale Dominique Gros lors du premier plateau de 20h 45, l'air de dire " qui c'est celui-là " est bien plus civil avec son voisin. Ensemble ils contemplent Nathalie Griesbeck et Marie-Jo Zimmermann échanger des amabilités au pupitre d'en face. Et votre coiffeur ? C'est Jean-Christophe Dupuis Rémond qui pose la question pour faire des essais de voix. Un peu sexiste quand même. Il demande aux bons hommes ce qu'ils prennent à leur petit déjeuner. Le journaliste demande aussi à Emmanuel Lebeau de rester à proximité. On va apprendre que lui aussi est dans l'affaire de la fusion. Les explications au micro sont encore assez fumeuses mais les deux femmes semblent décidées. Quant à Rausch, sa demande de retrait des candidates s'est transformée en une invitation à discuter… Jusqu'à mardi midi dernier delai.

Dans la foule juste après l'émission,  Lebeau court après Jacquat, rencontre Masson : " et le programme, faut quand même qu'on en parle, qu'on bosse là-dessus. " Décidément, ces non politiques, ils ne pensent qu'aux détails. Masson a noté.

Lundi 10
4 h du matin : La République, faut pas pousser !
Emmanuel Lebeau continue à téléphoner pour prendre des avis, expliquer, écouter. A midi il mangera avec  quelques-uns de ses équipiers au Flo afin que tout soit clair avant les négociations. La rumeur dit qu'il déjeune avec  Noël Jouaville. Ce dernier l'a appelé, mais pas de repas. " Que faudrait-il pour que les 2008 rejoignent le maire sortant et nouveau ? Un geste fort. Quoi par exemple : l'arrêt du chantier place de la République. Non ce n'est pas possible ".
A 14 h 30, Lebeau commencera ses discussions avec Nathalie Griesbeck et Marie-Jo Zimmermann quelque part sur le technopôle. A 17 h 35 une conférence de presse est convoquée pour 17h 45 (mais bien sûr on vous attendait) au bar de la Marine, rue des Piques. Jean-Marie Rausch  avait, juste auparavant invité à un point presse à 8 h. Il décale d'une demi-heure. Peut-être le signe d'une grande manœuvre à quatre cette fois, les trois listes plus le maire ? En tous cas il donne un signe de bonne volonté.

18 h 00
Bar de la Marine  ou plus exactement salon de réception d'une industriel et distributeur de poissons. Les interviews aussi doivent être en boîte pour le JT de 19 h. Alors on fait du simultané. Quand Jules est au violon et Léon à l'accordéon, là c'est Nathalie à la télé, Marie-Jo à la radio et Emmanuel à la presse, puis on change. Toutes les 5 mn. " Oui ils sont ensemble. Oui ils sont tombés d'accord sur le programme. Oui la liste va se faire cette nuit. Et Rausch… s'il en a envie. "

18 h 30
Permanence de JMR rue  des Clercs. " Si j'avais été battu, ne serait-ce que d'un point je serais parti. Voilà pourquoi j'en attendais autant de Mme Zimmermann dans le cadre de primaires officielles de l'UMP. En attendant j'ai déposé ma liste inchangée. Jusqu'à demain soir on peut la modifier. Je suis ouvert à la concertation pour battre la gauche..."
Une question parmi bien d'autres : Nathalie Griesbeck est-elle ingrate ? " Non, en politique, la gratitude ça n'existe pas ". Etes-vous serein ? " oui , plus que d'autres car ma carrière politique est derrière moi ". La triangulaire ? " C'est le pire scénario, mais il n'est pas forcément perdu. "

Mardi 11
11 h 00
" C'est où le bar de la Marine ". Steve du bar à vin "Les Vins s'enchaînent" rue des Piques, voit débarquer le maire de Metz qu'il avait accueilli l'été dernier sur sa terrasse. C'est en face.  JMR se rend au rendez-vous des trois fusionnaires. Une discussion claire. Des conditions de part et d'autre. Une réponse attendue pour le début de l'après-midi. Rausch a renouvelé en les élargissant ses propositions de l'automne dernier avec la CA2M pour MJZ. Les " trois " demandent la proportionnelle intégrale de leurs résultats ce qui ferait perdre sa majorité à Rausch. Ce sera non.

15 h 30
On y va, la liste est à la frappe. Le  dossier arrive, quelques coquilles. MJZ, NG et EL la commentent devant une fôret de caméras et d'appareils photos. Les voitures du direct des chaînes nationales sont là... Effet garanti. On parle de l'investiture UMP qui aurait été accordée à Jean-Marie Rausch. " Peu importe " semble dire la députée UMP Zimmermann qui précise quand même que le télégramme de Devedjian proposait un soutien à Jean-Marie Rausch dans le cadre d'une fusion avec la liste Zimmermann. Ce qui s'est traduit au niveau local de l'UMP, (c'est-à-dire François Grosdidier) par une investiture.
Les trois têtes de la liste partent vers la préfecture pour y déposer leur document. A la sortie sur le passage piéton un Messin les interpelle : " c'est bien, comme ça vous ferez passer Gros. Merci Mesdames ".
rdv manqué à la pref !
Entre-temps Gérard Longuet, pour le compte de Matignon et de Jean-Marie Rausch réunis, tente un dernière fois d'entrer en contact avec les deux têtes de listes. En vain mais il propose néanmoins un rendez-vous de la dernière chance en préfecture. Il incite aussi Jean-Marie rausch à céder sur la question de la majorité. Ce à quoi ce dernier consent.
Le rendez vous à la pref n'aura pas lieu. JMR attend, passera dire bonjour au préfet puis remontra directement à la FIM.

18 h 10
Centre des congrès : c'est le grand débat France Bleu pour une heure et demie. Une nouvelle fois JMR est privé de la partie sur la gestion. Il y a des périodes comme ça. Le débat reste dans les grands principes et les bonnes intentions. Les différents clans applaudissent à tour de rôle les répliques de leurs champions. Impression mitigée. Gros n'a toujours pas fait d'erreur. Zimmermann est plutôt gonflée. Rausch pas en forme. " Ca ira mieux demain " dit-il.

Mercredi 12
15  h 00
 
Il y a un os sur le bulletin de la liste d'Union pour le renouveau. Une question de présentation qui fait que la Préfecture refuse la version actuelle. Il faudra réimprimer. Et comme le délai d'acheminement officiel est passé, livrer directement les bureaux de vote. " On y arrivera sans problèmes dit Jean-Louis Masson. Mais on fait quand même un référé car je ne suis pas sûr que nous ayons tort. "

15 h 00
Jean-Marie Rausch fait sa première conférence de presse d'après fusion manquée et il ne ménage personne. Le bazooka est à nouveau de sortie et tout le monde en prend pour son grade. Que ce soit la liste Gros ou la liste Zimmermann.
Les pouvoirs qui sont en cause ou qui pourraient l'être par l'élection de dimanche ne doivent pas tous considérer qu'ils ont leur avenir derrière eux manifestement.

Mercredi 19
20 h 30 aux Arènes
Le retour des chœurs de l'armée rouge....
Ce n'est pas une blague ni un clin d'œil aux socialo-communistes.