du vert au rouge grenat

jeudi 11 octobre 2007 12:00 par JPJ    Metz

D'abord vous y trempez le bout du pied, comme dans l'eau d'une piscine...  Vous vous imprégnez de ces tons de vert à la fois doux et étincelants. Puis vous y mettez le pied tout entier. Vous descendez. Vous vous laissez glisser. Votre corps est totalement immergé. Vos narines s'emplissent de senteurs fraîches. Votre regard à travers la brume légère découvre un  village dont la silhouette se découpe quelques kilomètres plus loin. Ni Saint Trop ni La Baule. Courcelles-sur-Nied tout simplement. Des airs d'accordéon et des rythmes de jazz, des rires d'enfants... Des gens qui se parlent avec sérénité...En ce samedi matin d'automne les jardins fruitiers de Laquenexy vous accueillent pour une plongée dans une nature à la fois spontanée et domestiquée. Celle des arboriculteurs. Les quelques marches près de l'entrée vous invitent à rejoindre une prairie en pente douce, un jardin aux fleurs et aux fruits, des chemins malicieux... Puis un atelier où les sapins se parent de pommes et où les pommes sentent l'humain. Bonheur que l'on croque, saveur que  l'on aime. Pascal Garbe, le jardinier du département parcourt son royaume...les élus sont ses sujets dans ce nouveau pays des matins calmes.

Calme, la soirée le sera beaucoup moins. Avant que ne s'installe l'exaltation ovale en bleu, le monde grenat aura viré au cauchemar.  Comment a-t-on pu en arriver là ? Un pied qui effleure un ballon et le conduit au fond des filets. Deux à zéro pour Strasbourg...Pas forcément drôle, mais pas la fin du monde non plus. Du moins a priori. Même si après coup, on se dit qu'il s'agit certainement de la fin d'une époque. Celle où le FC Metz et son public faisaient partie des clubs qui attiraient une sympathie générale... Condescendante parfois,  intermittente souvent, caricaturale assez régulièrement pour ce qui est des valeurs de modestie et de labeur mises en évidence comme autant de clichés.  Mais bon... Un degré en dessous de Lens ou d'Auxerre, Metz avait la cote parmi les modestes... Depuis quelques années, sur le terrain c'est parti en quenouille. Sur les gradins des clubs de supporters, cela ne valait guère mieux : Nancy en flammes  et Metz capitale... Match nul dans une certaine médiocrité jusqu'à ce samedi où les Ultras ont déjanté faisant quitter la route à tout un stade médusé.

La « Horda », fêtait paraît-il son anniversaire... et un feu d'artifice a même été tiré en son honneur à la fin de la rencontre...artifices insupportables quand juste auparavant la horde a ravagé l'espace de sa violence et de sa haine. Du côté du groupe de supporters d'en face, ce n'était guère mieux. Projectiles, envahissement... quelques énergumènes veulent aller dire leur fait à Carlo Molinari. Debout au milieu de la corbeille présidentielle ce dernier pensait avoir tout vu depuis 40 ans qu'il a accédé à la présidence... les demandes de démission sur l'air des lampions... les triomphes aussi... Là c'est la violence qui s'est installée, l'incompréhension, l'impuissance générale.

Les clubs sont  devenus des affaires privées et il n'y a plus tellement de miracles. Le foot une affaire de télé bien canalisée... Les supporters classiques, qui ne sont ni hooligans ni VIP,  ont bien du mal à s'y retrouver, à se motiver comme avant. Ils assistent au désastre.  Et quand en plus la malchance ou l'inefficacité s'en mêlent....