nouvelles frontières ?

samedi 13 septembre 2008 10:00 par JPJ    Metz

Nouvelles frontières : on ne passe plus !

Fini le temps ou un cortège pouvait tranquillement s’ébranler et traverser les rues d’une ville. Aujourd’hui il doit vivre au rythme des télévisions multiples et des interviews radio. Alors de temps à autre, lorsque l’angle est bon, le train contestataire s’arrête, les quelques minutes nécessaires à la prise en compte des commentaires des locomotives. Puis cela continue jusqu’à l’arrêt suivant, suggéré le plus souvent  par l’équipe télé suivante et ainsi de suite. Derrière, les wagons tentent de comprendre.

Pourquoi vous dire cela ? Parce que les expressions de la vie politique sont de plus en soumises à ces choses là. L’autre jour au conseil municipal il n’a pas été possible à certains élus de s’exprimer sur l’armée parce qu’il y avait une autre réunion après mais aussi et surtout parce que la télé attendait dans le deuxième salon. Et le direct, vous savez ce que c’est ?
Parce que, comme un pied de nez,   le premier arrêt du cortège s’est fait l’autre samedi matin précisément sous l’enseigne Nouvelles Frontières de la rue des Clercs. Et qu’il nous a semblé que, même sans caméra, nous pouvions faire un angle là-dessus.

Nouvelles frontières du danger militaire et du terrorisme. C’est en leur nom qu’on déplace pour une bonne part les régiments. Au nom de l’économie et de l’efficacité aussi. Mais quand même, la grande histoire est de dire qu’à  l’est il n’y a rien de bien chaud… ou au contraire plus rien de guerre froide et qu’on peut se découvrir.  C’est quand même à voir, de temps à autre.

Nouvelles frontières entre  la Moselle, la Lorraine et le Luxembourg qui se transforme de plus en plus en aspirateur à main d’œuvre  mais aussi  en injecteur de pouvoir de vie.

Nouvelle frontière de l’image de Metz. Devant le conseil municipal la veille Patrick Thil et Dominique Gros avaient un moment  disserté sur la nécessité de choisir ou de rejeter une image. « L’histoire c’est de se préparer aux défis  du lendemain, c’est ne pas être en retard d’une guerre » avait dit le conseiller d’opposition. « On ne renie rien de ce qui a été notre passé, de ce qui est notre histoire avait conclu Dominique Gros. Pour moi l’image de Metz est une ».

Nouvelles frontières encore, tant qu’on y est,  puisque Dominique Gros  partage la vedette de cette tête de cortège avec son collègue nancéien André Rossinot. Une nouvelle carte de la Lorraine ou des habitudes entre élus  est-elle en train naître ? Pourquoi pas. En tous cas la chose valait d’être relevée d’autant plus que Rossinot n’était pas seul. Laurent Hénart venu faire ses emplettes pour les régionales était là aussi de même que la jeune et jolie députée Valérie Rosso Debord et Michel Dinet le président du conseil général de Meurthe-et-Moselle.

Nouvelles frontières plus larges ou absence de frontière souhaitée entre les universités. On va essayer de raccrocher le wagon de campus. Mais surtout dit André Rossinot il va falloir continuer à travailler ensemble.

Frontières  aussi, même si elles ne sont pas très nouvelles, que toutes les précautions prises pour tenter de fédérer tout le monde autour de cette mobilisation. Frontière à l’agressivité donc et à l’incompréhension. Une formule a même été trouvée dans la motion messine pour que les partisans comme les opposants à l’A 32 ( le duo Masson-Zimmermann était là) puissent défiler ensemble au nom d’une « solution durable pour faciliter le transit sur l’axe autoroutier nord- sud ».

Frontière encore que celle qui consiste à ne pas relancer les vieilles querelles avec Nancy. Dans la volonté d’accueillir un maximum de fonctionnaires compensatoires,  le Metz de Gros  ne veut  pas effrayer le Nancy de Rossinot. Ou  du moins ne pas lui donner l’impression de vouloir le dépouiller d’une façon ou d’une autre. A la proposition de Patrick Thil, devant le conseil municipal de Metz  de rajouter à la motion  le fait de voir les directions régionales regroupées autour du préfet de Région, c'est-à-dire à Metz, le nouveau maire de Metz avait répondu en disant qu’il valait mieux ne pas chatouiller Nancy avec ça en ce moment. C'est-à-dire alors que s’esquisse une action commune universitaire. Khalifé Khalifé avait insisté sur la nécessité de demander que soit implantée à Metz la nouvelle autorité régionale de santé.  « Pour l’instant l’ARH est à Nancy on ne va pas commencer » lui avait répondu le maire. « L’ARH, autorité régionale hospitalière est à Nancy mais l’ARS est à créer. Elle comportera,  non pas douze personnes comme l’ARH,  mais 200 dont certaines  issues de structures déjà  à Metz… »  insistera Khalifé. « On verra » répondra Dominique Gros. Pas ce soir… la télé attend.

Dans le cortège le lendemain André Rossinot, exprimera placidement  toute sa solidarité avec  le département voisin mais rappellera  à qui voulait l’entendre que la situation actuelle avec 4 directions régionales à Nancy et 4 à Metz était parfaite. L’ARS ? « Elle sera chez nous avec l’ARH… »

Nouvelles frontières que celles ressenties par certains des manifestants venus d’Augny notamment et des communes proches de la base. Les consolations envisagées pour Metz, le débat sur les promesses du président leur laissaient un goût amer. Celui de ne pas avoir pu revendiquer avec un peu plus de force pour le maintien de la base de Frescaty. Sarkozy a dit non, alors on se couche… protester c’est continuer à réclamer quand on dit non jusqu’à ce que ça passe.

Nouvelles frontières… Philippe Leroy se réjouira lors de son intervention sur la place de la Comédie, à l’issue du cortège que «  la Lorraine se sente mosellane…  grâce à la présence des tous ces élus venus d’ailleurs. C’est ce que les Mosellans attendaient. » Et il dessinera la frontière de la souffrance dans cette réforme. «  Ce qui nous contrarie, ce sont bien sûr les mesures même si  nous savons que les réformes générales sont nécessaires… mais ce qui nous fait souffrir le plus c’est que notre rôle séculaire se trouvé bafoué. Nous sommes bafoués par la violence de ces mesures aussi bien dans notre cœur que dans notre mémoire. Nous sommes touchés au plus profond de nous et nous avons le devoir de le dire, de l’exprimer. Nous avons le devoir de construire. Les promesses sont faites, à nous de les transformer en réalité et en  solutions ». Ce qui n’est pas toujours la frontière la plus facile à franchir.