zéro de conduites

jeudi 11 septembre 2008 08:00 par JPJ    Metz

Allons donc. Pour une fois que je pensais m’être inscrit consciencieusement et avec un certain succès dans le sens de l’histoire, voilà qu’un dîner du cercle Charlemagne, la semaine dernière, a suffi à ébranler mes certitudes. Non pas au point de changer mes comportements  mais en venant enlever la petite dose d’enthousiasme qu’apporte toujours le sentiment de faire quelque chose de bien.

Charlemagne, je vous l’ai déjà dit, c’est un club qui fait qu’on rencontre une fois tous les deux mois pour dîner à l’Arsenal tous ceux qui comptent et ont compté à l’ouest du Pecos. Ils tirent par définition moins vite que Lucky Luke mais il reste encore quelques beaux calibres.
C’est donc lors du dîner de Charlemagne que mes voisins de table et moi-même avons été littéralement scotchés par les propos d’une de nos convives, directrice régionale d’un grand groupe de gestion des eaux. Paraît que notre façon de consommer l’eau de plus en plus raisonnablement, chichement même en évitant de laisser couler les robinets, en ayant des chasses mieux gardées dans nos WC, des lave- linge moins goulus et des lavages d’autos presque sans eau… c’est du pipeau ! Du moins chez nous.
 « On a tout ce qu’il faut en eau », nous a-t-elle dit. De plus c’est un cycle. Paraît même qu’en Alsace les nappes phréatiques sont tellement hautes que quand ils vident leurs piscines elles se re-remplissent aussi sec. Enfin, si je puis dire !
Nous étions quelques uns à la regarder avec nos petits yeux ronds : le patron de l’immobilier du Far West et de New York avec un air pensif ; celui de la SNCF  se demandait s’il déraillait ; celui d’une banque pour qui les flux sont en général financiers ne manquait pas d’intérêt pour la chose. Le premier adjoint au maire de Metz, le créateur d’une boîte de logiciels pour chaînes de télévision écoutaient mi souriants mi sceptiques. Et moi je pensais à ma petite Violette qui me dit toujours  « c’est bien papi » parce que je ne laisse plus couler l’eau autant qu’avant pendant le rasage ou le brossage des dents.  

N’avions-nous donc rien compris ? Paraît que les Allemands sont encore pires et qu’à force de ne pas tirer d’eau, tout reste coincé dans leurs tuyaux. Et c’est une note pour mauvaises conduites que  nous infligeait notre interlocutrice. « Nos réseaux d’assainissement sont prévus pour convoyer des flux, pour avoir un débit minimum. Faute de cela ils s’encrassent. Si demain tout le monde récupère  une bonne part des eaux de pluie et que les futurs lave-linge comme on le dit font une lessive avec trois ou quatre litres d’eau au lieu de trente… il ne restera plus aux compagnies qu’à acheter de l’eau et  à vous la facturer pour nettoyer vos tuyaux. »

« Le problème avec l’eau c’est qu’elle est rarement là où elle devrait être et quand elle devrait y être » concédera notre interlocutrice.

« Plate ou gazeuse » me chuchote mon voisin en me tendant une bouteille. Non, merci ai-je répondu. « Du vin, pour déboucher les canalisations ».

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