En y allant, on se la joue un peu blasé.  On se dit qu'on a " déjà vu ". Et puis, à chaque fois on se retrouve époustouflé par le spectacle de l'envol des montgolfières. Le mondial à Chambley, c'est cette  impression de se retrouver sur une autre planète tout en étant à quelques kilomètres de Metz, cette souveraine patience par rapport au temps, cette humilité conquérante face aux éléments, puis cette musique envoûtante,  la lumière, le vent qui sur le coup de 20 heures semble s'être arrêté…Une plénitude enfantine vous envahit lorsque deux ou trois cents ballons s'élèvent vers le ciel avec un art consommé. Tableau vivant qu'on voudrait saisir pour le garder mais qu'on n'ose ni ne peut toucher.

Après quelques jours de vacances méridionales qui m'avaient fait croiser à la fois le chemin de Grace Kelly et celui des pénitents des Mées, je pensais être définitivement à l'abri de ce type d'éblouissement. Et pourtant cela a marché. Il est vrai que Philippe Buron Pilâtre avait malicieusement installé la loge de la Semaine face au soleil couchant.

Un mot sur Kelly et les Pénitents avant de revenir à nos ballons. Grace Kelly, c'est le thème d'une exposition au forum Grimaldi à Monaco. Une promenade superbement réalisée dans une histoire pleine de charme même si elle a parfois un parfum d'eau de rose. Grasse n'est pas loin de Grace. Une présentation qui m'aurait fait damner pour la récupérer  du temps où  je dirigeais le parc des expositions de Metz. Une évocation  qui touche à la fois le domaine de l'actualité mondiale et les ressorts de nos souvenirs les plus profonds. Des projections sur grand écran, toute une série d'objets, ses sacs et des robes comme s'il en pleuvait, des lettres aussi …. dont la lecture est riche en révélations.  C'est Frédéric Mitterrand qui a supervisé la chose…L'expo se rendra ensuite à Londres, à Paris et aux Etats-Unis.
Et les Pénitents ?  C'est une autre belle surprise un dimanche soir d'été.  Un paysage qui se découvre depuis l'autoroute entre Sisteron et Aix, c'est-à-dire celle qu'on ne prend jamais. Ce sont les Pénitents des Mées,  du nom de ce village situé au pied du plateau de Valensole, au bord de la  Durance.  L'érosion dans les poudingues, ces roches constituées de cailloux liés entre eux par un ciment naturel, y a créé des formes géantes qui évoquent une impressionnante procession de moines.
A Chambley  deux hommes, plus bénédictins que pénitents, ont arpenté avec une constance  admirable les allées du site. Philippe Buron Pilâtre bien sûr, l'homme des ballons, créateur et patron de la manif, cigare et téléphone à la main. Pas trop de risques d'erreur puisque ces deux attributs sont destinés à rejoindre les lèvres. Simplement on ne savait plus par moment lequel fumait le plus. Jean-Pierre Masseret était l'autre bon apôtre. Visiblement pas mécontent d'être là et de la bonne tournure de la manifestation, le président du Conseil régional, principal partenaire du mondial, allait des uns aux autres… parlait de ses prochaines vacances et de sa montée du Ventoux, pas encore trop du contre la montre et de la course de côte de la mairie de Metz.
Il régnait un sorte d'état de grâce (c'est promis j'arrête) au pied des ballons, dans ce village de partenaires  où l'on était heureux de retrouver  des entreprises, des journalistes et des pilotes venus du monde entier,  mais également des entités territoriales comme Thionville et la Moselle Est. Il sera difficile dans ces conditions de comprendre longtemps encore l'absence totale des deux villes phares de la région,  Metz et Nancy ainsi que celle du département de la Moselle. L'impérieuse  nécessité  de faire mieux connaître l'image de la Lorraine, encore mise en évidence lors de l'arrivée du TGV Est, devrait inciter à surmonter les jalousies locales. Cela permettrait de conforter mais aussi d'exploiter plus encore une manifestation qui a l'intelligence de n'être en concurrence de calendrier avec aucune autre grand-messe.
Et comme la magie des ballons présente cette caractéristique d'être sans cesse renouvelée, cela n'empêchera pas le succès des autres rendez-vous, comme celui des Montgolfiades au bord du plan d'eau de Metz.
A surveiller donc…. comme la mirabelle sur le feu !