4 mois après son élection

dimanche 13 juillet 2008

la vie normale de Bertrand Mertz.

Bientôt quatre mois qu'il s'est assis dans le fauteuil de maire de Thionville pour la première fois. Quatre mois durant lesquels Bertrand Mertz a pris la dimension du poste. Des chantiers engagés par son prédécesseur à ses relations avec le Luxembourg, du rôle à jouer par ses adjoints aux impulsions à donner au commerce de sa ville, de la place de Thionville dans Portes de France à la présidence du Sillon Lorrain... Bertrand Mertz revient sur quatre mois d'apprentissage passés à très grande vitesse.

Où en êtes-vous, 3 mois et demi après votre de prise de fonction en tant que maire ?
J'ai l'impression que j'ai fait ça toute ma vie. Paul Souffrin (NDLR : maire de Thionville de 1977 à 1995) me confiait qu'il avait mis 2 ans à trouver ses marques. Moi, j'avais l'avantage - si l'on peut considérer que c'en est un - d'avoir connu des échecs jusque-là mais de siéger au conseil municipal, même si c'était dans l'opposition. Cela m'a permis de maîtriser les sujets dont je suis aujourd'hui en charge. Et puis je suis avocat spécialisé en droit des collectivités. J'étais, je pense, plutôt bien préparé à endosser ce rôle.

Pas simple pour autant apparemment...
C'est certain. Le lundi après la victoire a été le jour où j'ai été le plus fatigué de ma vie. Je n'ai pas dormi et enchaîné sur une journée où je rencontrais déjà des journalistes et des élus. D'une manière générale, j'étais « claqué » tout le mois qui a suivi l'élection. J'ai eu besoin de prendre une semaine de vacances.

Cela n'a pas été mal vu ?
Non et je revendique le droit pour un homme politique de souffler. C'est aussi un des avantages de s'entourer de gens compétents. Je suis convaincu que les élus qui veulent concentrer tous les pouvoirs sont finis. Aujourd'hui, il faut faire confiance, encourager les initiatives et dire aux gens de ne pas avoir peur d'y aller. Les élus autour de moi sont formidables. J'ai très bien su m'entourer.

Quel rôle joue cet entourage dans vos prises de décision ?
Un des plus importants. Le bureau se réunit chaque mardi matin et toutes les décisions sont débattues autour de la table. Une voix y vaut une voix, la mienne y compris. Je crois que Jean-Marie Demange avait sclérosé son système en prenant toutes les décisions importantes seul ou au sein de son cabinet. Il l'a lui-même reconnu, il était devenu une machine à dossiers. Moi, j'aime jouer collectif.

Vous pensez que c'est cet esprit d'ouverture qui a séduit les Thionvillois ?
Certainement. Pendant la campagne déjà, nous sentions le vent tourner. Les gens avaient besoin de changer de style.
Depuis 3 mois, ils peuvent s'exprimer, nous les écoutons. Ce week-end encore, le PS distribuait son journal « Le chardon » sur le marché. Ca a surpris plus d'un Thionvillois de me voir y participer mais je ne vis pas comme un notable. Quand je suis maire, je le suis à 100%. Le reste du temps, je suis un citoyen normal et accessible.

Vous avez annoncé un héritage budgétaire catastrophique. Quelles sont vos marges de manoeuvre ?
Nous allons devoir mener à bien quelques gros chantiers engagés par la précédente municipalité. La Cour des Capucins par exemple qui est actée pour 16 millions d'euros ! C'est énorme. Seule la gérance du parking souterrain est encore négociable. Nous étudions la possibilité de le mettre en régie.
Autre dossier : la réfection du théâtre municipal coûtera 8 millions et nous confronte à un problème. Les nouvelles normes imposent d'agrandir la scène, ce qui n'est pas possible par l'arrière du bâtiment. Il faudrait donc agrandir vers la salle et supprimer 200 places, ce qui la rendrait trop petite pour faire venir des têtes d'affiche. C'est un choix cornélien.
Aujourd'hui, je demande à l'opposition d'assumer politiquement un certain nombre de choix qui ne sont pas les miens mais que nous devrons mettre en oeuvre.

Ces réalisations se feront-elles aux dépens de celles de votre programme (redynamiser le commerce, un système de vélib, la reconquête de la rive droite, un nouveau centre gare...) ?
Non. Cela ne sera pas simple mais nous y arriverons en étudiant toutes les possibilités notamment les participations et les subventions. J'ai fait venir dans mon équipe Vanessa Royer de la Région car c'est une spécialiste de ces dossiers. Plus question désormais de rater une subvention. Dans le cadre de la reconquête de la rive droite, une grande médiathèque sera construite. Mais j'attends de RFF qu'il nous donne précisément les emprises à libérer. De même pour le centre gare, j'ai rencontré les responsables de la filiale de la SNCF qui gère les parkings et leur ai dit que je ne referais pas le parvis de la gare tant que le parking ne sera pas digne de ce nom. Une structure légère en acier sera donc installée d'ici un an. Nous avons décrété des assises du commerce qui auront bientôt lieu. La proximité du Linkling n'aide pas le centre-ville mais nous y créerons des manifestations. L'endettement va certes nous pénaliser longtemps mais à force d'économies et petit à petit, on avancera.

Quel est l'avenir des manifestations qui ont fait la renommée de Thionville ?
D'une manière générale, elles seront reconduites mais avec plus de sérieux. Il n'y aura plus d'espace VIP avec champagne et petits-fours, c'est une position de principe. Les « Ballons de lumière » deviennent les « Montgolfiades de Thionville » et revêtent un côté plus grand public. Les « Etoiles de la gastronomie » seront reconduites. Tout comme les illuminations de Noël qui se délocaliseront aussi dans les quartiers. Nous avons réussi à diviser par deux les prix de revient de chacune de ces manifestations, sans en changer le contenu.

Thionville c'est un secteur proche du Luxembourg mais qui connaît des problèmes de transport. Vous avez la solution miracle ?
J'étais contre l'A32 et contre le Contournement Ouest de Thionville (COT) depuis le début. Je crois qu'il faut deux fois trois voies sur l'A31 ou créer une voie qui lui serait parallèle et réservée aux transports en commun et au covoiturage. Il faut plus de transports alternatifs comme la plate-forme de ferroutage de Bettembourg ou le développement du fluvial au port d''Illange. Enfin, la ligne de bus 300 fonctionne bien, je vais appeler Lucien Lux avec qui je suis devenu ami pour voir si l'on peut la développer. Je crois qu'aujourd'hui, il faut que l'on réussisse à anticiper les évènements et pas toujours les subir.

Le Luxembourg, un modèle pour vous ?
Oui et non. Je crois surtout que Thionville doit s'affirmer. Ce n'est pas la banlieue du Luxembourg. C'est une vraie métropole qui entretient avec le pays voisin des relations quotidiennes et amicales.

C'est Thionville qui doit s'affirmer ou Portes de France ?
Il y a une petite polémique - pas bien méchante - avec Patrick Weiten mais il faut remettre l'église au centre du village. J'ai soutenu sa candidature à Portes de France car c'est un homme qui a les qualités pour ce rôle mais je n'ai en aucun cas bradé Thionville. Cette ville ne peut être contestée ni dans l'agglomération ni dans le nord mosellan. LELA + est également un réseau pertinent pour aller vers le Luxembourg. Il y a des choses à faire  dans les transports, la culture, la formation. La pertinence du Sillon Lorrain que je préside actuellement saute moins aux yeux mais on réussira à faire des choses ensembles.

Au bout de trois mois et demi, votre emploi du temps est toujours aussi chargé ?
Les journées ne sont plus de 12 heures mais il y a encore à faire. Je réussis quand-même à me garder du temps seul, à réfléchir. C'est indispensable pour s'aérer l'esprit. Il ne faut pas avoir en permanence la tête dans le guidon. Au contraire.

On évoque parfois un retour de Jean-Marie Demange. Votre point de vue sur la question ?
Mais je l'attends avec impatience sur les dossiers qu'il m'a laissé. J'ai lu dans vos colonnes qu'il restait « le patron » de l'opposition. Après avoir été absent si longtemps des débats, j'ai hâte de constater cela (NDLR: des propos repris lors du conseil municipal du 8 juillet). Je l'ai également vu il y a une semaine à une inauguration. Il m'a dit qu'il allait peut-être revenir. Si les comportements sont corrects... pourquoi pas? Mais je n'accepterais plus de subir autour de la table du conseil ce que j'ai subi en tant qu'opposant.

Et dans tout cela, vous réussissez à conserver à la fois une vie de famille et une activité professionnelle ?
Ma femme et mes enfants sont indispensables à mon équilibre. Au niveau professionnel, depuis mon élection, j'ai repassé la robe d'avocat deux fois. Bientôt la troisième, je pense, pour l'accident de TER à Zoufftgen. Attendre son tour au Palais, plaider, cela ramène à l'humilité. Et puis à 46 ans, j'ai encore 20 ans à exercer en tant qu'avocat. Je ne suis pas sûr de rester homme politique aussi longtemps, mieux vaut prévoir. C'est amusant mais plus on a d'activités, plus on arrive à en avoir. Une chose est certaine, c'est que cet été, je pars en vacances et croyez-moi, je ne les aurai pas volées.

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