boulevard de la mort

mercredi 13 juin 2007 10:00 par Fernand-Joseph Meyer    

de Quentin Tarantino
avec Kurt Russell, Rosario Dawson, Michael Biehn.

Le cinéma de recyclage a-t-il de l’avenir ?
Quentin Tarantino voudrait nous le faire croire en nous racontant l’histoire minimaliste de Mike Stuntman, un tueur en série qui a fait  le cascadeur dans le cinéma bis. Ses prouesses ciné-automobiles datent des années 70. Aujourd’hui, quand il échoue dans un rade du Texas, les piliers de bar le traitent de ringard qui serait tombé de sa télé noir et blanc. Ses addictions restent les mêmes : les tapas dégoulinant de mayonnaise, les gros bolides, la castagne et les bimbos tchatcheuses qui débordent de générosité mammaire. Pour arriver à ses fins, il a un engin incomparable : une vieille Dodge bricolée pour résister à la mort.

On n’a pas oublié “Reservoir Dogs” ou « Pulp Fiction ». Ce sont les fleurons d’une filmographie détonnante qui est en train de se réduire à une simple marque de fabrique. La recette est simple : réunir des héros atypiques et quelques has-been du même tonneau, dérouler pour le plaisir une ou deux longues séquences verbeuses et rehausser le tout  avec des courses-poursuites ou des tueries filmées avec un maximum de virtuosité. Elle peut s’appliquer au thriller, au cinéma de kung-fu, à l’horreur. Pour chaque exercice, on multiplie les clins d’œil au cinéma-bis qui faisait la gloire des « grindhouses » -ces  cinés de quartier qui n’existent plus et qui proposaient un double programme. « Boulevard de la mort » est justement le second film du projet que Tarantino a monté avec Roberto Rodriguez. Tarantino rend ainsi hommage aux cinéastes « bisseurs » dont certains sont devenus célèbres (Russ Meyer, Martin Scorsese ou Joe Dante) et son « Boulevard » en porte quelques stigmates : scratch dans la bande-son, rayures à l’image, montage sautillant. La bonne trouvaille, c’est de remettre en selle Kurt Russell, star de seconde zone inoubliable dans « Elvis »(1979) ou « Escape from New-York »(1981). Il est au centre des deux séquences époustouflantes du film.

Pour le reste, on s’ennuie. Une solution : prendre tout à la rigolade. C’est l’esprit du cinéma-bis.