sources d’énergie

jeudi 10 mai 2007 12:00 par JPJ    Metz

Il va falloir compléter la liste des sources d'énergies renouvelables en France ! Et y rajouter la politique. Ca tombe bien, il y a des réserves.... Même s'il s'agit plus précisément dans ce cas de l'élection présidentielle, option deuxième tour. C'est déjà moins fréquenté, reconnaissons-le. N'empêche que la démonstration qui vient de nous être donnée est tout simplement éblouissante. Je m'explique.

Autant nos candidats avaient pu paraître cafouilleux le mercredi soir dans leurs approximations sur le nucléaire et le vent, sur les générations et les tranches... le tout sous le regard impavide de journalistes ayant décidé de se confiner dans le rôle de gardiens du temps et de grands prêtres du chronomètre, autant ils étaient rayonnants dimanche soir. Littéralement regonflés. Même plus peur ! En cyclisme on aurait eu des doutes.
A commencer par Ségolène, plus royale que jamais. Tout observateur non averti ou un peu dans la lune aurait même parié, en la voyant à 20 h 10, qu'elle venait de l'emporter. Conquérante, bluffante, souriante et peut-être même un poil soulagée... elle nous a expliqué, comme Bayrou deux semaines avant, qu'il venait de se passer quelque chose en France et qu'elle ne lâcherait rien. Non contente d'avoir été la reine du PS elle était décidée à garder les joyaux de la couronne.

Quelques minutes plus tard Nicolas Sarkozy éclaircissait la situation. Remplissant l'écran d'une carrure qu'on ne lui connaissait plus ces derniers temps, il précisa qu'il respectait Ségolène Royal et ses électeurs d'autant plus qu'ils avaient perdu et que, par conséquent, il avait gagné. Et la France en même temps. Qu'il était content et que ça se voyait. Qu'il allait rendre tout ce qu'il avait reçu et même ce qu'on lui avait prêté. Qu'il voulait que nous en finissions avec la repentance qui est une forme de haine de soi. Et dans la foulée il nous invitait à une chevauchée fantastique à mille lieues du petit trot en Camargue dont ses conseillers nous avaient concocté l'image un peu ridicule à la veille du premier tour.
C'est à pas de géant que Sarkozy est passé de l'Amérique à la couche d'ozone, de l'Europe au bassin méditerranéen et à l'Afrique. Cette même question africaine qui l'avait fait, dès sa troisième phrase le mercredi précédent, se replier sur des considérations liées au regroupement familial s'ouvrait cette fois sur le vaste horizon d'une refondation du monde méditerranéen. De la Turquie au Maroc, une zone d'équilibre entre le nord et le sud, l'Europe et l'Afrique. Le souffle du 14 janvier à la porte de Versailles était retrouvé... Et Malte déjà l'attendait.

Depuis dimanche, Ségolène est donc à son tour devenue éléphant et Sarko marche vers son destin. Sur les traces de Kennedy, de Berlusconi diront ses adversaires. Grand hôtel et yacht. Le nom de l'Onassis n'avait pas été tout de suite révélé. Paraît que c'est Bolloré. Pas forcément malin au moment où ce dernier manœuvre dans le monde des médias. Mais bon. Le goût pour le luxe et le confort des princes qui nous dirigent n'est pas en soi une nouveauté. D'Assouan à l'île Maurice nos présidents de droite comme de gauche nous en ont donné mille exemples. C'est le timing qui a le plus surpris : jouissances à la hussarde, un peu comme Giscard en 74. De quoi fiche en l'air l'état de grâce avant même qu'il ne commence. Mais après tout, peu importe si une part du politiquement correct qui nous a étouffés pendant des années est passé par-dessus bord. La France découvre un président qui vit, qui risque, qui se propose de lui parler, d'agir. Un homme à l'air éternellement pressé et paraissant souvent emprunté dans son corps. Un personnage qui lui inspire un mélange de sympathie, d'interrogation et d'attente....