Disco

mercredi 9 avril 2008 14:00 par Fernand-Joseph Meyer    

de Fabien Onteniente
Frank Dubosc, Samuel Le Bihan, Emmanuelle Béart, Gérard Depardieu, Annie Cordy, Isabelle Nanty.

Le fromage est le seul dénominateur commun entre « Bienvenue chez les  ch'tis » et « Disco ». Chez Dany Boon, on trempe le maroilles dans la chicorée du matin et le héros de « Disco » s'appelle en réalité Didier  Graindorge comme le fameux camembert normand au lait cru. Thermisé par  la machine disco, Graindorge devient Didier Travolta. La quarantaine  bien amorcée, largué par une épouse anglaise, réfugié chez maman qui jaspine  l'anglais, chômeur endetté, adepte du grattage, il vit au Havre. « Si on était toujours heureux, où serait le bonheur ? » C'est  ainsi que le console sa maman. Pour offrir à son fils franco-anglais des vacances décentes, Didier se lance dans un concours disco organisé par la discothèque Gin Fizz Academy. Un voyage en Australie pour deux  est en jeu.

Notre Didier bat le rappel des copains pour reformer les  Bee Kings. Il y a le docker syndicaliste bien moulé et le vendeur de chez Darty à la cuisse molle. Ils prennent quelques cours chez France Navarre, prof de danse classique. Ils ressortent boots, pattes d'eph,  vestes pailletées et chemises cintrées et Didier mise de plus sur son  slip kangourou. Mais des marins polonais bloqués par les dockers  grévistes s'en mêlent...

Les hauts et les bas se succèdent... Le cinémascope facilite l'alliage. On passe du cru au très cuit, du populo sympa au pipole qui tache (Francis Lalanne). Quelques zooms en ringardise revendiquée parachèvent  un disco(urs) sans méthode. La bande-son charrie Cerrone, Gloria Gaynor  ou Tina Arena et rend inaudible Michel Legrand (rêve-t-il des parapluies de Cherbourg ?). On émerge régulièrement de la torpeur grâce aux dialogues. Leur vulgarité se débite en saillies éculées (« Je vais  t'mettre un suppo, ça va te faire passer ta fièvre du samedi soir ! »  dixit Annie Cordy). Même la Béart s'y met (« Buffalo Grill, ça paraît  ringard mais les frites sont tellement bonnes ! »). Les pires répliques  sont archicuites (un « Nique ta mère ! » que Nanty lance à un Depardieu plus mauvais que jamais). Un aphorisme proféré par Dubosc surnage: « Si l'expérience servait à quelque chose, on arrêterait de s'enrhumer »   alors qu'on a déjà donné avec « Camping » ou « Jet Set ». « Disco », ça  se voit en première semaine quand c'est frais. Là, c'est trop tard.  Pourquoi ne pas aller revoir le film de Dany Boon, découvrir « Beaufort  » ou guetter « Le Premier venu » de Jacques Doillon qui aura peut-être  enfin trouvé un écran mosellan pour l'accueillir ?