prenez une cathédrale...

jeudi 8 janvier 2009 08:00 par JPJ    Metz

Drôle de climat… Non pas que la neige, ni même le verglas me traumatisent, sauf bien sûr en pensant à ceux qui ont froid !  Mais drôle de climat quand même. Et pour plusieurs raisons.
La  loi dite des séries et celle de la médiatisation s’additionnent  dans les hôpitaux : dramatiques insuffisances ou erreurs parfois  invraisemblables que le chapelet de plaintes et de déclarations souvent à l’emporte-pièce ne risque pas d’arranger. La santé est une lutte pour la vie, souvent une course contre la montre. Pour autant le chronomètre est-il un meilleur juge de paix que le stéthoscope ? Et qui doit le tenir ?

Autre registre : celui de l’escamotage soudain de la question du travail dominical et la réapparition, non moins soudaine,  de celle de la suppression des juges d’instruction. Au mieux un changement de numéro pour une séance de guignol destinée à nous faire oublier le reste ; au pire une manip qui profiterait de  l’impossibilité de s’informer, de se forger un avis entre la poire et le fromage, la galette et la fève.

Réflexions encore que celles nées de la lecture il y a quelques jours en vacances  d’un livre dont l’auteur sera présent pour une conférence et une dédicace le 22 janvier à Metz. Pierre Birnbaum a consacré un ouvrage à l’affaire Raphaël Levy, « récit d’un meurtre rituel au Grand Siècle à Metz ».  Ce juif de Boulay qui voyageait jusqu’à Metz à la veille d’une fête a été accusé de la disparition d’un petit garçon et de son sacrifice. Pierre Birnbaum décrit avec précision la vie et l’histoire de la communauté juive à Metz, sa protection par les rois de France, son contingentement méfiant dans le ghetto de Saint-Ferroy,  les signes distinctifs comme le chapeau jaune, les fanatismes de la contre-réforme. Il décrit aussi la façon dont Raphaël Levy se sentira lâché par tous, trahi par des témoignages imaginaires, affaire Dreyfus avant l’heure. En entendant l’autre jour qu’une manifestation sur le conflit de Gaza  avait terminé sa course devant la synagogue de  Metz, dans ce même quartier Saint-Ferroy, je me suis dit que l’histoire n’avançait guère.
Du coup, dimanche après-midi, j’ai eu une autre façon de voir défiler le paysage de part et d’autre de l’autoroute au retour des Alpes, entre Langres et Nancy.  Ces silhouettes de villages qui se découpent dans la belle lumière tombante... Des églises presque toujours marquantes.  Quand on commence à  regarder on ne voit plus qu’elles... Clochers de fierté, ces flèches ont pu être autant de lames à deux tranchants ? L’histoire interroge et elle a dû être multiple .  
Il y a quelques années  Jacques Faudon qui avait été   premier adjoint au maire de Metz jusqu’en 1995 avait imaginé lancer un programme de mise en lumière des clochers le long de l’A 31 entre le Luxembourg et Dijon. Une  sorte de chantier d’insertion,  de mise en âme et en lumière…
Résonance encore et pour terminer  que celle des paroles d’une chanson de Jacques Brel que j’avais jusque-là ignorée. Elle se nomme cathédrale et parle de l’embarquement pour les Marquises.

“Prenez une cathédrale
et offrez-lui quelques mâts.
Partez cueillir les étoiles
mais ne vous réveillez pas…”

L’idée  de voir des mâts apparaître sur nos cathédrales et nos églises, comme autant de vaisseaux et voir  les hommes faire équipage vers  de nouveaux horizons, forts de leurs pierres comme de  leurs voiles interpelle...
Pourquoi pas en ce début d’année où il nous faut chercher des raisons d’espérer. Pour ce numéro 200 aussi que vous avez entre les mains et dont  le vrai destin, bien plus que la pause que parfois il propose,  est de passer le relais bien vite au 201,  jeudi prochain.

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