un dernier tour

jeudi 7 juin 2007

Une heure trente du matin au coeur de Brest. La soirée a été longue… comme souvent dans les congrès. Le repas n'en finissait pas. Le retour à l'hôtel se fait enfin… A pied pour terminer. Je traverse l'impressionnante  promenade qui naît au pied de l'hôtel de ville et conduit jusqu'à la mer, un kilomètre plus bas. L'escalier monumental de la mairie a des airs de parvis de temple grec, la subtilité en moins. Il est noir de monde  et grouille de vie. Des jeunes en grande partie. Un peu de musique, des rires, de la fumée. Des fumées certainement. Surprenant un jeudi soir sous cette latitude et à cette heure là… Pas de festival ni de manif particulière. Rien, simplement la vie. Tellement différent de ce que nous connaissons par ici. J'en finis par me demander qui d'eux ou de moi est le martien…
L'an prochain le congrès national de la presse hebdomadaire régionale, celui auquel je participais à Brest, se déroulera à Metz. Clin d'œil complice de toute une profession à l'existence de la Semaine qui n'a pas toujours été de tout repos. A Brest cette année notre hebdo a été retenu, nominé dirait-on aux césar ou aux victoires, pour la mise en page et pour la une. Plutôt encourageant !

Passionnante sur le fond comme sur la forme a été l'intervention de Bruno Frappat, président du directoire du groupe Bayard. Journaliste et rédacteur en chef au Monde pendant 26 ans puis à  " la Croix ". Son thème était celui retenu pour l'ensemble du congrès : " l'exigence rédactionnelle ".
Vaste programme direz-vous. Je voudrais n'en retenir que trois phrases pour les mettre en évidence : la première concerne la nécessité du plaisir. "  Le talent sert à faire circuler le plaisir. La plaisir d'écrire doit déboucher sur le plaisir de lire ".  La seconde est liée à l'indispensable profondeur de champ : " le sacro saint local ne doit pas nous faire vivre dans le bocal ". La troisième enfin nous invite à ne pas nous résigner à l'affaiblissement supposé de la culture de l'écrit : " les éditeurs de livres pour enfants n'ont jamais vendu autant de livres qu'en 2005-2006 " déclare le patron de Bayard presse.

Plaisir d'écrire et de lire… plaisir de dire et d'entendre. J'ai dans l'oreille encore les derniers mots prononcés par  Jean Claude Brialy il y a quinze jours sur la scène du théâtre de Metz où ne figuraient qu'un fauteuil rouge aux allures de trône dérisoire et un piano qui restera muet. Posée sur le piano, une pièce de tissu brillante, peut être une écharpe ? Celui qui avait " oublié de nous dire " racontait une nouvelle fois ce qui avait fait sa vie. Celle des autres, de tous ceux qu'il a connus, de leur mort aussi parfois comme celle de Romy Schneider. Pour les spectateurs qui n'étaient venus qu' au spectacle, le temps a pu paraître long… Pour d'autres le dernier salut et le rappel  avaient déjà le parfum des adieux. De ces moments d'éternité que le comédien, plus encore que son public, semblait décidé à arracher  à  la fuite du temps… Jean Claude Brialy s'était saisi de la petite pièce de tissu posée sur le piano, en fait le premier costume de comédien de son enfance. Et il est entré  avec elle dans la valse lente des souvenirs… " de mémoire de  rose, avait-il conclu on n'a jamais vu mourir un jardinier ".

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