bonheurs de mai

mercredi 7 mai 2008 08:00 par JPJ    Metz

Il en est de simples.  Il en est de  plus subtils.  A l'arrivée une seule  chose importe. Savoir vivre les bonheurs  et avoir la sagesse de s'en souvenir.  Même si les vendeurs de muguet m'ont paru particulièrement discrets  cette année, les bonheurs ont été riches en ce 1er mai. Un film et un livre surtout. Ou plus précisément une  interprète et un écrivain. Puis un salut en passant,  et un clin d'œil sucré.

Le film est celui d'Eran Ricklis : " Les Citronniers". Fernand Joseph Meyer, dans ces colonnes, invitait la semaine dernière à nous dépêcher d'aller  le découvrir.  Le Caméo de  Metz  a bien voulu attendre. Il nous a réservé la petite salle 4  et je ne vous raconterai pas l'histoire. Simplement  le visage de Hiam Abbas, étonnante comédienne qui campe le personnage de Salma Zidane.  
Salma dont le champ de citronniers est au cœur du scénario. Salma dont le regard  est infini. Bien au-delà de subtilités et des pièges de la problématique israélo-palestinienne,  cette comédienne (mais on hésite à l'appeler ainsi)  incarne la femme et plus largement toute la condition humaine dans sa dignité. Elle aurait pu interpréter  Indira Gandhi, Golda Meir ou  Simone Veil sans rien changer.... Elle est le visage. Elle est le silence reposant et fascinant qui sépare les mots ou les phrases. Puis elle est cette voix grave et douce, l'espace de quelques secondes seulement.  Elle est belle tout simplement. Sur la pointe des pieds pour cueillir les fruits, penchée pour les ramasser, inclinée devant ce qu'il reste des arbres réduits à l'état de souches.  Comme eux, elle est le fruit d'une histoire et  la  jeune pousse d'une nouvelle ouverture au  monde et aux hommes.

On sort de ce film un peu changé. Le cinéma ne se fait jamais mieux entendre que quand il nous  parle juste et bas.

Le hasard a voulu  qu'au lendemain de ce film, je tombe sur une émission du monde des livres sur LCI dont Axel Kahn était l'invité. Il venait y parler de son livre " L'homme, le bien et le mal " paru chez Stock. Un ouvrage dans lequel  ce scientifique, médecin et essayiste, spécialiste des questions d'éthique,  se penche précisément sur ce qui constitue les principes du bien et du mal. Pour Axel Kahn, " l'homme a progressé bien plus vite en puissance qu'en sagesse. Du coup notre société se trouve souvent un peu perdue, ni immorale ni amorale mais souvent démoralisée... Au fond d'eux-mêmes, les gens ne savent plus bien souvent si l'action est bonne ou pas. Nous sommes environnés de toute une série d'entités prescriptrices de comportements, la télé , la pub, la mode mais nous sommes démunis lorsque qu'il  faut que nous sachions nous mêmes ce que nous avons à faire ".  Avec cette dialectique et cette pétillance qui le caractérisent Axel Kahn en  arrive à la conclusion qu'" est   bien ce qui prend en compte le respect de l'autre. Est mal ce qui ne le fait pas ".  Des principes de morale perçus souvent comme religieux mais  qui ont l'avantage d'être largement antérieurs aux religions. " Du coup, même ceux qui ne croient pas au ciel peuvent être moraux "
Le clin d'œil : celui d'un gâteau acheté ce même 1er mai chez les amis Maas rue Harelle. Il me semblait nouveau. C'était le premier gâteau imaginé et réalisé ensemble par le père et le fils qui va reprendre l'activité. Joli symbole. Et puis, sur le chemin, un homme en blouse qui nettoie à grande eau les volets d'un bureau.  C'est Jean- Claude Jovenet. Un salut amical.
Allez savoir pourquoi,  mais j'ai trouvé tout cela parfaitement aimable et j'ai aimé. Je vous souhaite un bon mois de  mai . On verra bien s'il est destiné à devenir historique ou non.

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