“la guerre des femmes”

dimanche 9 décembre 2007 09:20 par JPJ    

J.-M. Rausch joue la guerre des femmes

On ne lutte pas contre un stéréotype. On s'arrange pour le remplacer par un autre. Une conviction que Jean-Marie Rausch a souvent rappelée à propos de l'image de la ville de Metz.
Il faut remplacer l'image triste par une image très positive. Une théorie qu'il ne déteste pas mettre en oeuvre dans ses coups politiques.
Le dernier en date : la candidature d'Anne Stemart  qui pourrait déstabiliser Nathalie Griesbeck sur le canton de Metz 3.  

Anne Stemart à l'abordage
Omniprésente sur l'ensemble des manifestations, participant à toutes les réunions possibles et imaginables, Anne Stemart  avait depuis quelques mois au conseil municipal de Metz un ton qui ne pouvait plus guère laisser de doutes sur un changement de trajectoire. Traitant d'usurpateurs ceux des membres de l'opposition qui avaient salué quelques-unes des actions de la ville lors du débat d'orientation budgétaire, contrant sèchement quelques intervenants lors de l'adoption de l'agenda 21 il y a quelques jours, la jeune femme se lâchait.

Un exercice dans le plus pur style de Sylvain Kastendeuch il y a deux ans, quand ce dernier prenait la parole dans le domaine sportif et associatif. L'adjointe au maire de Metz chargée des espaces verts était manifestement partie à l'abordage. Mais sans que l'on sache exactement de quoi.

Le canton des maires
Eh bien maintenant c'est dit : Anne Stemart sera candidate aux élections cantonales sur le canton de Metz 3 actuellement détenu par Nathalie Griesbeck après avoir été le fief de Raymond Mondon et de Jean-Marie Rausch. Excusez du peu.  Cet énorme canton ( le plus gros de Moselle)  regroupe les quartiers centre-ville, Outre-Seille, Nouvelle Ville, Sablon et Magny. Et c'est pour ce "canton des maires " que Jean-Marie Rausch a décidé de donner le feu vert à son adjointe actuelle qui piaffait d'y aller. Il ne lui déplaît pas non plus de compliquer les choses à son ancienne adjointe et dauphine Nathalie Griesbeck, candidate à sa réélection mais aussi à la mairie de Metz.

Avec ou sans investiture, puisque l'UMP a réservé sa position sur ce canton, Anne Stemart comptera donc sur sa personnalité mais aussi sur le poids politique propre de Jean-Marie Rausch . Objectif  inavoué: réaliser un score la qualifiant pour le deuxième tour en espérant devancer le candidat du PS rarement à la fête  dans ce secteur. Oui mais encore faudrait-il pour cela que les candidatures à droite ne se multiplient pas. Et ce n'est pas sûr.

Griesbeck joue gros
Face à cette arrivée Nathalie Griesbeck  se la joue détendue et  prétend en avoir vu d'autres, Elle rappelle notamment que Marie Jo Zimmermann avait à peine atteint les 10 % de voix en 2001, ce à quoi sa rivale de longue date répond qu'il s'agissait d'une premier tour où la sortante n'avait guère dépassé les 16 %.  La différence pour Nathalie Griesbeck réside dans le fait qu'elle se trouverait pour la première fois dans une élection individuelle face à Jean-Marie Rausch (même par procuration) et non plus avec lui. Difficile de savoir comment réagirait la partie légitimiste de son électorat traditionnel. Le débat  et la campagne des municipales pourront difficilement ne pas avoir d'influence sur cette consultation qui aura lieu le même jour.

L'heure de vérité pourrait commencer par sonner à Metz 3 au soir du premier tour. Soit NG capitalise un gros nombre de suffrages dans son propre canton et l'aventure municipale elle-même s'avérera jouable. Soit ce n'est pas le cas et dans ce cas elle risque de se voir privée le dimanche suivant  de sa plus sérieuse assise locale, le Conseil général. La députée européenne jouera donc gros.

En face,  Anne Stemart n'aura personnellement pas grand-chose à perdre dans cette aventure. Elue pour la première fois en 2001 sur la liste de Jean- Marie Rausch sa désignation en tant qu'adjointe avait été une des " fleurs au chapeau de JMR ". Une jeune femme, diplômée en communication dont  la famille comme la belle-famille  étaient issus du  monde agricole  pour  les espaces verts ! Qui dit mieux. Elle était le pendant d'une autre intégration  à ce même niveau, celle d'Elise Appadin Sapci (du groupe Jacquat cette fois) pour l'emploi. Sylvain Kastendeuch était pour sa part le porte-drapeau le plus emblématique de l'entrée d'une nouvelle génération autour de JMR.

Début de confrontation
Un ancien capitaine et libéro du FC Metz dont beaucoup pensaient qu'il se lancerait aux dernières législatives pour  tenter de contester au moins la prédominance de Marie- Jo Zimmermann dans la circonscription de Metz 3 qui regroupe précisément ce canton, celui de Metz 2 et les secteurs plus ruraux de Pange et de Vigy.  Il n'en a rien été... Jean-Marie Rausch a guetté en vain l'audace de celui qu'il n'avait guère aidé, préoccupé qu'il était déjà par son propre positionnement. Le charme Kastendeuch était rompu... Celui de Stemart pouvait commencer.

En attendant, cette entrée en lice annoncée d'Anne Stemart marque le véritable début de la confrontation  entre Jean-Marie Rausch et Nathalie Griesbeck. L'un cultive  le doute, les bulletins de santé et les sondages potentiels qui lui permettent de différer encore et toujours son annonce de candidature. Il découvre les délices et les poisons d'une liste d'ouverture et de compromis tous azimuts  auxquels il était davantage rompu du côté du Conseil régional que de sa mairie. L'autre construit sa liste avec  une recherche de compétences lui permettant de contrer le maire sortant sur le terrain de la crédibilité tout en apportant un rajeunissement. Pas forcément simple ... A moins d'un échec du rapprochement entre JMR et l'UMP qui  obligerait JMR et son ancienne dauphine  à se rapprocher à nouveau. Mais on n'en est pas là.

Aujourd'hui c'est une guerre des femmes sur Metz 3 qui est annoncée. Nathalie Griesbeck, lorsque Jean-Marie Rausch l'avait présentée en 1988 sur son canton avait eu à faire face à un coriace François Grosdidier qu'Alain Juppé était venu soutenir... Puis elle avait eu le temps de se construire, s'appuyant sur un intégration sociale et culturelle très forte.  Anne Stemart aura moins de temps et moins de réseaux pour y arriver. Mais il est vrai qu'aujourd'hui la star'ac politique existe  et que dans ce domaine là aussi  on  est parfois  invité à voter  pour éliminer plus que pour choisir.