la peur de ne pas avoir le temps

jeudi 5 octobre 2006 13:00 par JPJ    Metz

Ca y est la liste se raccourcit. Il ne sont plus qu'une bonne poignée à être véritablement en course pour la présidentielle… sauf surprises, revirements et autres coups de tonnerre. Entre les éliminations programmées et les ralliements escomptés, le paysage se dessine. Il n'empêche que tout ce temps déjà passé à les écouter dire, à les regarder et à les entendre sourire n'y change rien. C'est toujours cette même et curieuse impression de mauvaise synchronisation qui me saisit quand je les vois. Un peu comme dans un mauvais doublage, quand les lèvres ne collent pas avec le cœur, quand  le regard ne coïncide pas avec les mots. La sensation que nos femmes ou hommes politiques, nos candidats ne croient pas spécialement à ce qu'ils ou elles nous disent. Qu'ils sont devenus avant tout  des observateurs d'eux-mêmes. En clair, ils descendent de vélo pour se regarder pédaler… et on sait à quoi cela mène.
La chose en soi ne serait pas gênante si nous n'étions condamnés à nous retrouver bientôt sur le porte-bagages de l'un ou l'autre. Espérons que d'ici là ils seront en selle pour de bon.

Chez nous c'est JMR qui a fait sa rentrée… du moins pour la presse et sous forme d'un déjeuner car  depuis six semaines il n'avait guère quitté la scène, la tribune, les ciseaux et le ruban… Il  lui restait des choses à dire… et il a parlé. De Pompidou et des projets, du formica et du ciné, de son nouveau cuistot et de son chalet, de sa gestion et de ses idées, de sa tension et de sa santé. Et puis, mine de rien, il nous a donné la clef. " Il y a des vrais sujets d'inquiétude dans notre monde, notamment les chocs culturels et religieux mais l'histoire nous fait vivre aussi des choses passionnantes comme par exemple la vraie révolution profonde des nouvelles technologies. C'est extraordinaire… et parfois, j'ai peur de ne pas avoir le temps ". Aveu touchant de cet homme qui à force de s'identifier à sa ville semblait s'être résigné à construire sa propre éternité.

Entre-temps, le secrétaire général de la préfecture s'est fait " allumer " par une gendarmette et un journaliste. Et le plus offusqué de ces deux-là n'était pas celui que l'on pense. En mission, puisqu'il était en charge de la suppléance préfectorale ce jour-là, le secrétaire général  est arrivé sur sa moto personnelle au deuxième contrôle d'un dispositif lié à une manifestation festive. Il n'a pas pensé devoir pousser la schizophrénie jusqu'à souffler lui-même dans le ballon d'un dispositif qui relevait indirectement de ses prérogatives. A tort. Refusant de se défendre médiatiquement il a réservé à la justice les explications attendues. Le préfet  a exprimé sa solidarité à l'homme et au fonctionnaire. Le  procureur ne l'a pas assassiné. La situation il est vrai n'avait rien de banal.  La couverture médiatique non plus.  Dans le monde de la presse où les passe-droits servent souvent de passeport, les donneurs de leçons pourraient avoir un peu plus de retenue… à moins qu'ils ne servent d'autres intérêts, apprenant à obéir à des pouvoirs qui depuis longtemps ne soufflent plus dans les ballons, convaincus que leurs vessies sont des lanternes.