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jeudi 6 septembre 2007 15:15 par Frédérique Pris    

Le gouvernement face au casse-tête du financement de la télévision publique .

France Télévisions réclame haut et fort une augmentation de ses ressources, mais l'idée d'une nouvelle coupure publicitaire fait bondir les autres médias et une hausse de la redevance risque fort d'être mal accueillie par les Français.
La décision sur une éventuelle augmentation du financement du groupe audiovisuel public  --qui regroupe France 2, France 3, France 4, France 5 et France ô-- devrait être prise "courant septembre", a indiqué à l'AFP le ministère de la Culture et de la Communication. "Aucune option n'est privilégiée et les scénarios sont en train d'être chiffrés, avec leurs incidences macro-économiques".

Depuis des semaines, le président de France Télévisions Patrick de Carolis réclame des moyens supplémentaires, pour poursuivre l'évolution technologique du groupe (passage au numérique notamment) et son effort dans la création.
Pour augmenter les ressources du groupe, deux options sont envisagées: hausse de la redevance et/ou coupure publicitaire supplémentaire.

France Télévisions bénéficie aujourd'hui de près de 20% du total des ressources de la publicité télévisée, contre 55% pour TF1.

A 116,50 euros par an, la redevance en France est bien moindre que chez les voisins allemands et britanniques par exemple. Mais le président Nicolas Sarkozy ne souhaite pas "une augmentation des prélèvements obligatoires", rappelait mercredi la ministre de la Culture Christine Albanel. "Si l'on touche à la redevance, ce sera à la marge, mais cela peut quand même représenter quelque chose d'intéressant".

Selon Philippe Bailly, directeur général de NPA Conseil, cabinet spécialisé dans l'audiovisuel, indexer la redevance sur l'inflation est "l'un des scénarios permettant d'assurer la progression de cette ressource sans peser lourdement" sur les impôts.
Autre piste explorée: autoriser une coupure publicitaire au sein des programmes de jeux et divertissements. Mais cette possibilité provoque une levée de boucliers, chez les chaînes privées (hertziennes et TNT) et les autres médias, tels que la presse écrite.

"A force d'ouvrir les vannes pour un média, on oublie les effets ricochets sur les autres médias, et notamment la presse écrite, qui est elle-même en train de changer son modèle économique", dans un marché publicitaire terne, déclare à l'AFP Denis Bouchez, directeur du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN).
Et de rappeler que la presse écrite a déjà connu cette année l'ouverture de la publicité télévisée à la grande distribution (gros annonceur dans les journaux) et que la nouvelle directive européenne "Télévision sans frontières" autorise le placement de produits à la télé d'ici fin 2009.

Emmanuel Charonnat, directeur général adjoint de l'agence média Starcom, évoque une meilleure utilisation du temps publicitaire sur France Télévisions.
France 2 diffuse par exemple après le journal de 20H00 ses 8 minutes de publicité autorisées, accompagnées de bandes annonces et de parrainage, qui donnent l'impression au téléspectateur d'un tunnel de promotions d'une vingtaine de minutes.
"Il vaudrait mieux raccourcir ce tunnel en déplaçant 4 minutes au sein d'un programme de divertissement" diffusé avant ou après le journal de 20H00, estime-t-il. De même pour le "tunnel" entre les première et deuxième parties de soirée.

Le risque de déséquilibre du marché publicitaire deviendrait plus substantiel si M6 et TF1 obtenaient en échange une seconde coupure au sein des fictions, ou un changement du mode de calcul du plafond publicitaire pour les chaînes privées, qui est actuellement de 12 minutes par heure glissante, note M. Bailly.