le zélateur et les info-pauvres

jeudi 7 septembre 2006 10:00 par JPJ    Metz

C'est dans un journal canadien que j'ai découvert  ces expressions il y a quelques jours. Un hebdo qu'un ami m'avait rapporté de chez nos cousins et qui regorgeait de truculences comme cette rubrique du " zélateur " qui est une chronique des " horreurs urbaines ". C'est à dire ces trous dans la chaussée qu'on ne bouche pas assez vite, ces lampadaires qui ne marchent pas… le tout assorti des explications de la plainte, du nom du responsable public incriminé  ainsi que de ses cordonnées. Et que ça saute après ça ! Que les adjoints aux maires chargés de la voirie se rassurent nous n'avons aucune  intention de les imiter même si le titre est drôle.
Autre trouvaille donc, dans ces pages exotiques, un édito sur les " info-pauvres ". C'est l'appellation consacrée là-bas à ceux que la révolution informatique et les nouvelles technologies de la communication ont laissés sur le bord du chemin, abandonnés loin des autoroutes de l'information. Ici on recense ceux qui s'ouvrent à Internet et au haut débit, chez eux on compte ceux qui n'y vont pas… et on s'en préoccupe.

Je pensais en avoir fini avec les découvertes concernant la langue française à travers le monde lorsqu'une autre information, dans un hebdo bien  de chez nous cette fois,  m'a laissé pantois. Ou plutôt songeur sur les ravages du temps qui passe et de l'oubli. Figurez vous que Jean Pierre Raffarin fait partie cette semaine des " hommes en forme " distingués par nos collègues du Point.. Tiens donc, une performance qui nous aurait échappée, une apparition dans le quarteron des vrais faux candidats de l'UMP attendant d'être karcherisés par Sarko ? Non, bien plus subtil et plus international que cela. L'ancien premier ministre a été je cite, " désigné grand témoin de la francophonie pour les Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Sa mission consistera à veiller au respect du français comme langue officielle des Jeux ". Oh my god !

Je vérifie dans mes archives pour en avoir le cœur net : oui, c'est ça, c'était en 2002 et  c'était hier. Raffarin superstar, le héraut de la France d'en bas et du parler vrai, celui qui devait permettre à Chirac de faire oublier l'incroyable méprise d'un plébiscite par défaut… Celui qui nous mijotait ses raffarinades au rythme de ses sorties sur le balcon de Matignon ou dans les préfectures de province, qui commerçait avec les chinois en leur fourguant des Airbus à la pelle, leur donnait des tapes dans le dos à la cantonade (ailleurs aussi) en sera donc réduit dans deux ans à vérifier si le pékin moyen et le téléspectateur universel auront eu leur ration de langue de Molière sous peine d'être saké… La Charente et le Poitou paraît-il sont vachement contents, Ségolène en frétille dans ses charentaises et répète partout que rien n'empêche d'être heureux aux Jeux quand on est malheureux en politique. Mais vous savez, les dictons… c'est surtout pour ceux qui y croient.