art contemporain à Metz

dimanche 6 juillet 2008 20:00 par AS    Metz

Faux Mouvement en sursis.
Normalement, le centre d’art contemporain aurait dû fermer le 30 juin. Plus de subventions. Mais la mairie ne veut pas que ce lieu de culture disparaisse. Pour l’instant, Maryse Jean-Guyot attend de connaître la suite de cette aventure commencée il y a 25 ans avec notamment Marie Brucker. Elles nous racontent leur histoire d’arts et d’essais.

Nicolas Rubinstein est entouré de Marie Brucker (à gauche) et de Maryse Jean-Guyot,les “mamans” de ce centre d’art contemporain.


Jour de chantier au centre d’art contemporain Faux Mouvement place Saint-Louis. Un nouvel artiste prend possession de la vitrine pour tout l’été. Nicolas Rubinstein met en place son squelette de Mickey. Un artiste et un message qui collent parfaitement à l’actualité du centre d’art contemporain en survie et en sursis le temps d’un été. « Je me sens comme un Mickey mort », explique Maryse Jean-Guyot, celle qui est à l’origine de ce lieu d’arts et de découvertes. « Un squelette nous sert à tenir debout. Un squelette, c’est aussi ce qu’il reste quand nous quittons la terre. Il y a cette idée de lien et de passage ». Ce n’est plus Maryse qui parle mais Marie, sa complice, celle qui faisait partie du petit groupe à l’origine de ce centre d’art, il y a 25 ans, celle qui a soufflé à son amie l’idée d’exposer le travail de Nicolas Rubinstein pour symboliser la situation de Faux  Mouvement.

37% d’aides en moins
Suppression de trois emplois aidés et d’un CDD depuis le début de l’année et diminution des subventions accordées par l’Etat, le Conseil régional, le Conseil général. En tout 37% en moins par rapport au budget de l’année dernière. Résultat il y a quelques semaines,  Maryse Jean-Guyot annonçait qu’au 30 juin, son centre d’art aurait atteint le seuil de 0. Plus d’argent dans les caisses et une seule porte de sortie : fermer.
Seulement voilà, la nouvelle municipalité ne veut pas que Faux Mouvement disparaisse et estime qu’il serait paradoxal de fermer ce centre d’art alors que Pompidou s’installera à Metz d’ici un an et demi. L’avenir du centre d’art sera donc discuté ce jeudi en conseil municipal. « Nous continuons comme cela tout l’été. Si tout se passe bien, en septembre, je recommence tout à zéro avec un nouveau projet en renégociant avec mes partenaires », annonce Maryse Jean-Guyot. Elle demande trois embauches et des soutiens financiers. Sinon ? « Je serai amenée à disparaître. Ce centre était mon premier bébé. J’ai toujours travaillé avec des bouts de ficelle mais aujourd’hui, je ne veux plus le faire car je me demande vraiment à quoi ça sert ». Elle estime que d’une certaine manière, elle a participé à sa manière à la venue de Pompidou à Metz. En commençant à éduquer les Messins à l’art contemporain, il y a de cela 25 ans.

éduquer à l’art
Revenons à l’origine de ce Faux Mouvement. Quatre copains sortent  fraîchement diplômés d’une école d’art à Strasbourg et décident de s’installer à Metz. « Nous étions des enfants de Jack Lang qui souhaitait décentraliser l’art. Créer une dynamique dans les régions », explique Marie Brucker. « Quand je suis arrivée ici, j’ai trouvé qu’il n’y avait rien à voir en terme d’art contemporain. La galerie « Divergences » fermait au moment où l’on montait notre projet », raconte Maryse Jean-Guyot. Dès le départ, la vocation de ce centre d’art est d’expliquer aux gens qui poussent la porte le travail et la démarche des artistes. Cela n’existe pas encore mais il s’agit de médiation culturelle. Faire en sorte que « les points d’interrogation » sur les têtes des personnes qui se retrouvent face à de l’art contemporain disparaissent. « Il s’agit juste de donner quelques pistes d’explication et renvoyer l’autre face à lui-même ».  Cet état d’esprit vise aussi les enfants. Toute l’année, les scolaires viennent voir les expos proposées. Et ceci depuis le début. Même quand Faux Mouvement  n’était pas encore sédentarisé. « De 1983 à 1992, nous sommes restés sans lieu fixe. Nous voyagions dans différents endroits à Metz, dans les Caves Sainte-Croix ou à l’étranger », raconte Maryse Jean-Guyot. « En avril 1992, nous en avons eu marre d’être des itinérants. Ce statut ne nous donnait pas assez de visibilité. Nous nous sommes installés au rez-de-chaussée de la DRAC, place de Chambre. Nous y sommes restés 4 ans pour finalement atterrir ici place Saint-Louis ». Un lieu pas du tout conçu pour accueillir des expos. 350 mètres carrés répartis en 17 pièces qui abritaient l’ORTF. Faux Mouvements casse tout et « met le lieu à nu ».

permettre des expérimentations
Quarante expositions sont passées dans ce lieu. Certaines plus marquantes que d’autres. « Celle de Michel Vergu », se souvient Marie Brucker. « Rien que de la lumière. Les gens venaient du froid de l’hiver pour pénétrer dans des ronds de lumière ». Elles évoquent aussi l’exposition de Cécile Bart qui sera présentée tout l’été. « Le fait de s’investir dans ce lieu lui a permis de repenser son travail. Normalement cette artiste expose avec beaucoup de couleurs dans des endroits lumineux. Là, il y a très peu de lumière et son exposition est en noir et blanc. C’est une des richesses de ce lieu : permettre des expérimentations et donner des difficultés à l’artiste qui débouchent sur des choses différentes », expliquent Maryse Jean-Guyot et Marie Brucker.
Aujourd’hui, les deux femmes évoquent avec une pointe de nostalgie ce catalogue d’artistes, en espérant que d’autres viendront l’enrichir dans les années à venir.

4 rue du change à Metz. Durant l’été, expositions de Cécile Bart et Nicolas Rubinstein du mardi au vendredi de 14h à 17h.

Nicolas Rubinstein, expose son “Mickey mort” dans la vitrine de Faux Mouvement .