Mesdames, messieurs, la Cour !

jeudi 28 juin 2007 12:00 par JPJ    Metz

Difficile de ne pas saisir à quel point la mise en place de la nouvelle carte judiciaire, si elle s'accompagnait d'une suppression de la Cour d'Appel de Metz et de la remise en cause des tribunaux de grande instance de Thionville et Sarreguemines, serait paradoxale. Absurde même. Elle irait aussi bien à l'encontre de  l'histoire que des réalités statistiques du quotidien et même de l'esprit d'une justice qu'on nous promet plus proche et plus efficace.

Dans cette affaire comme dans bien d'autres il semble bien que ce soit le souci de forme plus que de fond qui  habite parfois nos dirigeants, nouveaux comme anciens. On resserre la carte judiciaire pendant qu'on desserre la carte scolaire, on découpe Bercy pendant qu'on regroupe les ministères…et on ne sait pas toujours très bien ce que cela va changer sur le fond. Mais du moins donne-t-on l'impression de n'avoir plus peur de bouger. Si cette manière de vouloir à tout prix décoincer les choses sur l'Europe, le Darfour et EADS ces derniers jours  est souvent bienvenue,  donnant le sentiment que des possibles existent à nouveau, elle semble caricaturale dans cette affaire de justice… Dommage qu'elle nous concerne au premier plan.

Difficile aussi, en passant, de ne pas se rendre compte à quel point la réaction d'un groupe professionnel ou social se traduit, dès qu'il se sent menacé, par un certain nombre de réflexes conditionnés. Au nom de l'intérêt général certes. Mais dieu sait, et d'autres aussi,  que cet intérêt-là est généralement  invoqué pour des causes très particulières. La gamme des ripostes envisagées la semaine dernière lors de la réunion de crise au palais allait du blocage du tribunal  à celui du TGV, de l'intrusion dans les conseils municipaux à celle  des plateaux de la télévision en passant par le non paiement des charges, la manif à rideaux baissés et à notabilités répertoriées. Mobilisation justifiée, je le répète en sachant qu'il ne sera pas forcément bien vu de ne pas être béat devant tant d'impétuosité. Voir la lettre ouverte parue dimanche dans la presse locale s'ouvrir sur une mise en écho de l'agression contre le juge de Metz  et de la carte judiciaire paraît quand même un peu court.
Faut-il s'étonner après cela d'entendre dire avec une certaine condescendance dans les médias nationaux que les avocats messins sont en grève parce qu'ils refusent la transfert à Nancy de la cour d'appel…. Attention à la caricature qui  finit toujours pas desservir, même si dans un premier temps elle favorise l'union. Pour la cour d'appel comme pour les TGI, sachons faire feu de bon bois.
Difficile enfin de ne pas se rendre compte que la Moselle, quand ses enjeux doivent être relayés, manque d'hommes politiques ayant une stature incontournable au niveau national. Pendant qu'André Rossinot tricote les réseaux d'influences qui lui permettront de compenser un poids économique et même démographique fragilisé, que des relèves délibérées se mettent en place en Meurthe et Moselle, la Moselle semble jouer petit bras. Nathalie Griesbeck avait été la première en mars  à saisir au bond la balle judiciaire. Entre temps François Grosdidider s'est offert deux pédalages à contre sens. Depuis tout le monde s'est mobilisé. Espérons que cela suffise pour cette fois.
Il n'en reste pas moins vrai qu'il faudra un jour changer de cour.