une vieille maîtresse

jeudi 7 juin 2007 15:40 par Fernand-Joseph Meyer    

de Catherine Breillat avec Asia Argento, Fu’ad Ait Aattou, Roxane Mesquida, Claude Sarraute, Yolande Moreau, Michael Lonsdale, Anne Parillaud, Isabelle Renaud.

1835, à Paris. Louis-Philippe règne. On  pourrait retrouver les héros de « Ne touchez pas la hache ». On continue sur le mode de la passion amoureuse. Catherine Breillat adapte un roman presque oublié de Jules Barbey d’Aurevilly et nous plonge dans un univers romantique. Ryno de Marigny, jeune dandy, est expert en libertinage. Las, il souhaite se ranger en épousant Hermangarde, une toute jeune aristocrate plus lumineuse qu’une fleur de lys. Autour de Ryno, ça jase.

La comtesse d’Artelles (Yolande Moreau) et le vicomte de Prony (Michael Lonsdale) perclus de méchanceté commentent l’événement mondain et ne lésinent pas sur la trivialité. Les deux savent tout de la liaison tumultueuse de Ryno avec une demi-mondaine, la Vellini.
Ryno va devoir convaincre la marquise de Flers, la grand-mère d’Hermangarde, de la sincérité de ses ambitions conjugales légales. Il livre un récit complet de cette passion. La marquise  nostalgique des débordements libertins du siècle des Lumières est aux anges. Le mariage se fait mais la Vallini veille…

L’image sulfureuse de Catherine Breillat (« Romance »,  « Sex is comedy » ou  « Parfait amour ! ») ne doit pas jouer en sa défaveur.
Avec cette adaptation littéraire qui ne pèche pas par excédent de conformisme, elle reste fidèle à elle-même. Seuls changent le temps, les décors et la langue. Elle maintient haut et fort ses discours experts sur les passions amoureuses ravageuses, les rapports de domination dans la fusion sexuelle, les chassés-croisés de la féminité entre l’homme et la femme. Elle change de cap sans oublier d’associer rigueur et beauté. Au besoin elle joue avec la fantaisie. Les costumes de la Vallini jurent avec l’authenticité historique pour évoquer Frida Kahlo. Elle ose même faire chanter du Zarah Leander à Lio qui, comme toutes les précédentes interprètes de la cinéaste, fait plus que de la figuration. L’élément porteur du film est assurément le langage. La langue littéraire de 1830 constitue un élément porteur pour tout le film ; elle raconte et analyse les audaces de Ryno et de la Vellini comme si leurs corps en exultation exprimaient une pensée qui avance.
Asia Argento en vieille maîtresse joue à la perfection le doux désordre des sens. Quant à Fu’ad Ait Aattou, nouveau venu, sa beauté est plus qu’un simple pedigree ; avec son phrasé et son agilité, il la transcende en permanence.