festival du film italien

lundi 5 novembre 2007 09:22 par la Semaine Numérique    Villerupt

Villerupt capitale pour son 30e festival de cinéma.

Le festival du film italien de Villerupt, créé par et pour les Italiens du bassin minier du Nord de la Lorraine, célèbre actuellement et jusqu'au 11 novembre sa 30è édition, connaissant un succès populaire qui ne se dément pas.
Plus de 40.000 spectateurs se pressent chaque année dans la cité ouvrière de Meurthe-et-Moselle, une commune de 10.000 habitants qui se mue alors en capitale de l'Italie en France.
"Il est difficile de trouver ici quelqu'un qui n'ait pas au moins un quart de sang italien", commente Oreste Sacchelli, délégué artistique de la manifestation, maître de conférence à l'université de Nancy.
L'émigration depuis la Botte a été constante dans la première moitié du XXe siècle pour pourvoir les besoins en main d'oeuvre de l'industrie minière. A Villerupt, lorsque le festival est lancé en 1976, 60 à 70% de la population est encore d'origine italienne.

"Le festival touchait notre côté +rital+. C'est pour ça qu'il nous a attirés", explique Antoine Campagnone, dans l'organisation depuis 1981, aujourd'hui délégué général, qui dirige le pôle de l'image de Villerupt.
A cette époque, le film "Pane e cioccolata" (Pain et chocolat) de Franco Brusati, comédie dramatique racontant les déboires d'un immigré italien en Suisse, faisait salle comble chaque fois qu'il était programmé.
"Il ne s'agissait pourtant pas de communautarisme, mais de tradition ouvrière. Le festival se faisait collectivement. Tous ensemble, nous devions conquérir le cinéma alors que ce n'était pas notre métier", observe Oreste Sacchelli. Les mammas sont alors au fourneau et leurs enfants, des bénévoles.
Mais le 7e art italien, souverain dans les années 1960 et 1970, décline la décennie suivante. Ses grands réalisateurs (Visconti, Fellini, etc.) décèdent et leurs successeurs, plus rares, s'émancipent. Le festival connaît sa première crise.

"Nous avons dû montrer un cinéma moins conforme aux attentes du public. Les films de Nani Moretti ou Carlo Verdone n'ont pas été acceptés facilement", se souvient Oreste Sacchelli.
A partir de 1998, 70 films sont projetés par édition, contre 30 précédemment. L'évènement se professionnalise et devient plus connu, et reconnu, en Italie.
Réalisateurs et acteurs italiens y viennent volontiers rencontrer leur public, à l'instar d'Alessadro D'Alatri, réalisateur de "Commedia sexy", au million de spectateurs en Italie, présenté à Villerupt.
"Ici, je me sens comme à la maison. Il n'y pas de tapis rouge ni de faste. C'est le festival du public, pas des politiques", plébiscite le réalisateur.

Au programme de ce 30e festival, figurent "Mi fido di te" de Massimo Venier, une comédie sociale sur le chômage, "La fille du lac" d'Andrea Molaioli, l'adaptation d'un roman policier scandinave ou encore "Goodbye Mr Zeus" de Carlo Sarti, une comédie "déjantée", selon Oreste Sacchelli.