Sarkozy à la manœuvre

vendredi 5 septembre 2008 10:20 par MV    Metz

Le Président : « Je ne suis pas un menteur ».

« On ne vous abandonne pas. J’assume ce que je fais et je ne suis pas un menteur. » C’est ainsi que Nicolas Sarkozy a garanti ses décisions devant la délégation mosellane. Reçus dans le salon Murat, celui-là même qui accueille le conseil des ministres, les élus ont écouté le président s’exprimer durant 25 mn. Imprésario de cette journée, réglant tout autant le fond que la forme, le député Denis Jacquat a été fortement impressionné par les différentes annonces, « les compensations sont supérieures à tout ce que la Moselle a connu par le passé, aussi bien dans la sidérurgie que pour le plan Armées 2000. »

« Il a été plus loin que ce que j’attendais », a reconnu Jean-Luc Bohl, le président de l’agglo messine, invité de dernière minute en tant que maire de Montigny.
Une carte militaire justifiée par une réforme nécessaire, en parallèle des nouvelles priorités de la Défense figurant dans le Livre Blanc. Selon l’Elysée, il s’agit de remettre au carré les implantations disséminées dans plusieurs centaines de villes en France et résoudre le problème posé par une trentaine de bases en activité… sans avions. Et un message clair, le président ne reviendra pas sur les annonces effectuées. Exit donc la base aérienne de Frescaty au delà de 2011 tandis que le 1er médical, le 13e RDP quittent la Moselle. Le 57e régiment d’artillerie de Bitche ferme dès l’année prochaine. Après la réforme, selon le gouvernement, l’agglo messine conserverait 2 000 militaires et le département 7 000.
En réponse au lourd tribu payé par la Moselle, le plus important de France, le président a annoncé une batterie de mesures. Un département « terre d’expérimentation des mesures nouvelles » mises en place par le gouvernement pour les différentes restructurations.

1 500 fonctionnaires à Metz
Metz pourrait accueillir 30 % des fonctionnaires d’Etat qui devraient quitter Paris pour la province. Première vague, avec une arrivée courant 2011 de 1 000 premiers fonctionnaires travaillant dans un service interministériel de statistiques. Un organisme qui reste à créer. Seconde vague avec 500 fonctionnaires supplémentaires. Le président Sarkozy n’a pas donné plus de précision car « les principaux concernés ne sont pas encore prévenus ».


deux régiments pour la Moselle ?
Annonce forte, et semi-officieuse, le rapatriement en Moselle de deux des régiments français stationnés en Allemagne. Le premier pour Chatel-Saint-Germain, le second pour Bitche. Aucun calendrier et aucune garantie puisque les négociations sont en cours avec le gouvernement Merkel. Officieuse car ces décisions ne peuvent être annoncés avant la fin de la présidence française de l’Union Européenne, au 31 décembre 2008. Sarkozy s’est cependant engagé à venir le confirmer en Moselle pour la fin de l’année.
Quant à la promesse d’un de ces régiments à Commercy, pour compenser la fermeture d’ici 2011 du 8e d’artillerie et le départ de 920 soldats, rien n’est moins sûr. Selon un des participants, le président a déclaré, « il n’y a eu aucune annonce de ma part. Ce n’est pas parce que certains en parlent… »

Frescaty pour un euro ?
Fini l’ancienne méthode. Auparavant, les communes éprouvaient de grandes difficultés à racheter à l’Armée les anciennes casernes. Le président a annoncé sa volonté de donner aux différentes localités les terrains concernés quasiment pour l’euro symbolique. A elles de générer de nouvelles implantations, entreprises ou habitat. En cas de revenus liés à ces nouvelles activités, l’Etat et les communes s’entendraient sur une grille de répartition. De quoi aiguiser des appétits supplémentaires pour les 398 ha de la base de Frescaty…


dix millions, c’est un plancher
« Considérez que les 10 millions d’enveloppe pour les trois sites de Moselle, Dieuze, Metz et Bitche, représentent un plancher. Mais présentez nous des projets à financer. » Fin juillet, lors de l’annonce de la nouvelle carte militaire, la faiblesse des mesures de compensation avait fait aussi grincer des dents. Le gouvernement est prêt à desserrer les cordons de la bourse pour les projets forts.

développer les infrastructures
Mandaté pour suivre la réforme dans le Grand-Est, le préfet Blanc, doit rendre un rapport sur les infrastructures en Moselle pour la fin décembre. Un document qui sera suivi d’un comité interministériel d’aménagement du territoire spécifique à la Moselle organisé début janvier.

S’engouffrant dans la brèche, le maire de Metz Dominique Gros avance déjà ses pions, « nous avons un transport en commun en site propre qui pourra être aidé ainsi qu’un projet fluvial pour un port à containers. »


rattrapage de Campus
Malgré l’effort de solidarité lorraine, les universités de Metz et de Nancy n’avaient pas été sélectionnées pour figurer dans le plan Campus. Paul-Verlaine pourrait être intégré dans une session de rattrapage, avec un développement des sciences du management. En parallèle, le président Sarkozy a annoncé la volonté du gouvernement de financer 150 chambres supplémentaires pour les étudiants messins.

autres visiteurs
Alors que la délégation mosellane patientait devant les grilles de l’Elysée, deux visiteurs ne sont pas passés inaperçus. C’est tout d’abord Patrick François, délégué régional pour l’Alsace de la Caisse des dépôts, mais surtout ancien directeur de cabinet de Gérard Longuet à la Région, qui sort du palais. Il est alors chaleureusement accueilli.
Autre passage, nettement plus discret celui-là. Le messin Charles Ruggieri, l’homme-clé la Foncière des Régions, fend le groupe pour se présenter au portier. Pas de poignée de mains mais une présence qui suscite de nombreuses interrogations. Déjà des tractations en coulisses pour l’emprise foncière de la BA 128 ?

Finies les craintes pour l’Etat-major et l’hôpital Legouest ?
C’était un des scénarios noirs, celui de voir la présence militaire à Metz se réduire comme peau de chagrin et les différents équipements fermer les uns après les autres… Les inquiétudes ont visiblement été écartées, avec quelques informations livrées en aparté par le ministre des Armées.
Concernant Legouest, Hervé Morin a garanti son maintien. La réforme des implantations des 9 hôpitaux militaires en France n’est pas à l’ordre du jour. Dont acte.
Pour le statut de Metz ville d’état-major, là aussi, la délégation mosellane a reçu quelques garantis. Le rapatriement à Chatel Saint-Germain, dans les anciens quartiers du 1 médical d’un des régiments aujourd’hui basé en Allemagne, garantirait la présence militaire dans l’agglomération messine. Une présence qui permettrait de maintenir Metz en tant que ville d’état-major.