diffuseur de vie

jeudi 5 février 2009 08:00 par JPJ    Metz

« Buralistes depuis qu’on a décidé de l’être, cela fera 6 ans le 12 juillet ». Derrière le comptoir, dans sa boutique de 20 mètres carrés,  Florence parle, sourit, rend la monnaie, enregistre le PMU, accompagne le grattage, conseille… et mâche son chewing-gum. Le tout en même temps, en plusieurs langues et sans se casser la figure.  Autant dire qu’elle aurait pu être présidente des Etats-Unis bien mieux que Gerald Ford à l’époque ! Aujourd’hui avec Obama la concurrence est plus rude, mais qu’importe.
Avec son mari, Florence a choisi un jour de venir s’installer ici, au balcon du plan d’eau, à la jonction du Saulcy et du Moyen-Pont, juste à côté de chez Maire. A un des ces endroits où la vie est peut-être un peu plus subtile qu’ailleurs. Florence et Christophe Deconchon sont nos diffuseurs rue du Pont-des-Morts à Metz. Et c’est fou ce qu’ils respirent la vie !
Ce jour-là, en début d’après-midi Florence est seule au magasin. Avec son mari Christophe ils sont « inséparables »  mais la sieste a ses raisons que les horaires dans ce genre de boutique expliquent aisément. Il commence  à 5 h 30 et  ne finit qu’à 21h 00. « Nous nous sommes  rencontrés sur notre lieu de travail et nous ne nous sommes  plus quittés. Un jour on a eu envie de bosser pour nous et chez nous plutôt que dans une boite qui avait tendance à exploiter les gens ». Il est nancéien et elle est verdunoise. Un tabac à Verdun ça serait bien… mais il leur passe sous le nez ! Celui de Metz qu’ils avaient visité le 14 février, rue du Pont-des-Morts n’emballe pas trop Christophe. Florence si. Un peu comme si elle était tombée amoureuse de ce petit espace malin qui vient chiper le soleil de l’après-midi et réunit les flux de trois axes messins.
Devinez ce qui s’est passé ?  Ils achètent, débarquent, font deux enfants et s’y plaisent. «  Maintenant on se voit par alternance à cause des petits ».  Les clients défilent. Des prénoms bien souvent. Un tutoiement qui s’installe, une vraie familiarité aussi : « t’as acheté tes boucles d’oreille chez Hélène » l’interroge une jeune fille. « Oui ». « J’ai les mêmes ». Des titres de transport demande hésitante une petite Anglaise ? « T’as qu’à dire tickets de bus on te comprendra mieux ». « Mon DVD sur les pandas il a été mis de côté ? » « Of course ». Et ça continue comme ça… depuis 6 ans sans un jour de fermeture, pas un seul jour de vacances.  
« Est-ce que ça vaut le coup ? ». « C’est comme tout, mais nous on aime ». De la chicha, c’est-à-dire du tabac à narguilé ? Il y en a un nouveau. « Ils aiment bien ça les jeunes, cela permet de passer une soirée ensemble, tranquille et pas trop chère ». Cette envie de partager qui fait le sel de la vie, apprend à faire une place à l’autre.
Christophe par exemple est fou de maquettes... Alors on a réussi à glisser ce qu’il faut dans les 20 mètres carrés. Avec le tabac et la presse, le PMU et les bonbons, la papeterie et les papotages. Le sourire et la vie de Florence. Un pull à col roulé et la chaleur d’une  présence.
« Mon mari aurait été content de vous voir » me dit-elle ? Sûr, je reviendrai.  Mais je voulais déjà vous la raconter telle que je l’ai découverte  mardi en début d’après-midi.
Il est des réchauffements planétaires qu’on n’a pas envie de combattre.

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