municipales à Morhange

mercredi 5 mars 2008 08:00 par la Semaine Numérique    Morhange

le cœur contre l'action.

Morhange, l'ancienne ville de garnison voit s'affronter deux hommes aux styles radicalement différents. Jacques Idoux, maire depuis 2001, affiche sa chaleur humaine et mise sur les services à la population. Egon Piaia, adjoint au maire de 1995 à 2001, est plus réservé. Il annonce des réalisations d'envergure. Deux approches divergentes de la politique et visiblement un scrutin qui s'annonce ouvert. Il y a sept ans, le maire actuel l'avait emporté de 34 voix dans le cadre d'une triangulaire au deuxième tour.

de l'armée à Rehau
Morhange. Un nom qui résonne comme les canons d'une défaite française en août 1914. Une ville façonnée pour l'armée, dans une cuvette naturelle, aujourd'hui coupée en deux entre des anciens quartiers militaires érigés par les Allemands à la fin du XIXe siècle et ces rues au charme suranné de ces bourgs de campagne où flotte cette odeur si caractéristique de feu de bois.
1992 marque la fin de son statut de ville de garnison, la fin de la réalité militaire, avec le départ du millier de soldats et de leurs familles du régiment le plus cité de l'artillerie. Le 61e d'artillerie quitte la Moselle pour rejoindre Trèves. Les lourdes chenilles des automoteurs AUF1 pouvant tirer des obus de 155 mm ne viennent plus massacrer de leurs 43 t le bitume du centre ville lors des défilés.
Le quartier Cissey s'ouvre à la vie civile. Et Morhange s'acclimate à ces immenses casemates. Renoue progressivement avec toutes ces constructions dédiées au quotidien des soldats.
Pourtant tout respire encore la vie militaire. Ces places immenses conçues pour les prises d'armes. Ce parc Clemenceau dont un des panneaux à l'entrée indique l'ancien hôpital militaire ou la cité des Jardins, à côté du temple, ces maisons de casernement aux volets clos depuis plusieurs années. Hier l'armée, aujourd'hui Rehau. La vie économique de Morhange ne bat quasiment qu'aux rythmes de l'entreprise allemande spécialisée en plastiques polymères. Il suffit de compter, autour de 880 emplois directs pour une ville de 4 040 habitants dénombrés lors du recensement de 1999. Et le siège de Rehau France est installé dans un des bâtiments du Quartier Cissey. A l'époque, d'abord l'expression d'une opportunité. Aujourd'hui, également un symbole et une source de richesse.

deux listes, deux styles
Un peu à l'écart de l'ancien quartier, la mairie. Ce bastion qu'ils sont deux à vouloir conquérir. Jacques Idoux, celui qui est dedans depuis sept ans et qui compte bien y rester. Egon Piaia, celui qui compte bien l'en déloger. Le premier est tout sourire, le second s'affiche nettement plus réservé. En 2001, 34 voix d'avance et une triangulaire au deuxième tour permettent au pharmacien biologiste de succéder à Norbert Massfelder. En 2008, ils sont deux à s'affronter, afficher des ambitions mais aussi un style différent. A quelques mois près, le même âge, 64 ans. Mais les similitudes s'arrêtent-là. Jacques Idoux parle au cœur des habitants, joue à fond la carte de la communication, renforce le bien-vivre à Morhange en misant par exemple sur le fleurissement ou les services à la personne. Egon Piaia annonce l'action, déroule un programme long comme un annuaire et souhaite galvaniser  la fierté de l'électeur.

au centre de la Moselle
A consulter une carte, Morhange se trouve au cœur de la Moselle, à seulement quelques dizaines de kilomètres de Nancy et de Metz..... Une proximité théorique que vient briser la réalité d'un bourg, chef-lieu de canton dans un pays d'abord rural, et finalement assez excentré par rapport aux trois bassins de vie que représentent l'ancien secteur houiller, l'agglomération messine ou la communauté urbaine de Nancy. Pour autant, la ville jouit d'atouts qu'elle souhaite mettre en avant.
Comme l'étang de la Mutche qui dépend directement de la commune. Dans son bilan, le maire sortant met en exergue plusieurs réalisations, comme la réhabilitation complète des gîtes finalisée en mars 2004 ou la reconstruction de la piscine de plein air en juillet 2005. "Il s'agissait d'une mise aux normes indispensable pour les équipements de ce type, précise Jacques Idoux. Et les jours de beau temps, il y a foule." Une rénovation qui suscite l'ironie d'Egon Piaia. "Elle a généré un investissement de 1,5 million d'euros ! C'est beaucoup pour un équipement utilisable que durant la belle saison. Par ailleurs,  lors des semaines d'utilisation, le chauffage de l'eau consomme 1,5 t de gaz. N'aurait-on pas pu choisir un autre mode, plus écologique ?" Le candidat d'opposition annonce sa volonté, s'il est élu, d'aménager un centre de remise en forme. Un nouvel équipement qui pourrait bénéficier à la population mais aussi aux cadres en déplacement pour des séminaires d'entreprises. Sur le programme de Jacques Idoux... on annonce également la volonté de mettre en place "un espace évolutif bien-être."
Un maire sortant qui raille aussi l'attelage atypique de la liste d'opposition. Tout d'abord Egon Piaia, qui figurait sur la liste de Norbert Massfelder en 2001, ensuite Pierre Barbiche, à la tête d'une liste il y a sept ans et enfin Patricia Simonet. L'ancienne adjointe à la jeunesse de l'équipe Idoux a rejoint l'opposition à la suite d'un désaccord avec Jacques Idoux. Trois caractères et donc des risques supplémentaires de division.
Quant à Egon Piaia, il dénonce la politique "m'as-tu vu" menée par Jacques Idoux. "La ville a encore des moyens financiers mais quasiment rien n'a été investi pour son avenir." Un constat qui s'inscrit en faux par rapport aux réalisations énoncées par Jacques Idoux. "Nous avons effectué des travaux remarquables, comme l'aménagement du square Marx, la réalisation d'un espace Debussy, dédié notamment à la danse ou la rénovation du  centre culturel qui nous permet d'offrir un salle pour les manifestations grand public."

l'intercommunalité
Reste peut-être une question centrale. Celle de la représentation de Morhange au sein de la communauté de communes du Centre Mosellan, présidée par l'homme fort du canton, Claude Bitte. C'est désormais là que se joue l'enjeu économique.
En tant que ville centre, Morhange suscite une certaine crainte de la part des localités nettement plus petites. Comme le rappelle Jacques Idoux, "l'implantation d'une future zone économique sur le ban de Morhange a été l'objet de nombreuses discussions. Je travaille en symbiose avec Claude Bitte et suis de toute façon adepte d'un mandat électif par personne." Il ne partira donc pas à la conquête de la présidence de l'intercommunalité. A mots comptés, Egon Piaia pose également cette question. "Il serait normal que nous en soyons le moteur." Redonner à Morhange son éclat d'antan...

les clés des programmes

Jacques Idoux :
  • Poursuivre la politique d'aides à la personne.
  • Ne pas augmenter les taxes locales et rembourser 50% de la part communale de la taxe d'habitation.
  • Réaliser une maison médicale.
  • Commercialiser le lotissement du Val et concrétiser l'opération "location -accession" à la propriété.


Egon Piaia:
  • Exonérer de taxe foncière durant cinq ans les habitants effectuant plus de 10 000 euros d'aménagements durables.
  • Faire acquérir par la ville la cité des Jardins.
  • Mettre en place une résidence de standing pour personnes âgées de 15 à 20 places.
  • La maison médicale... et une opération "location-accession" à la propriété.