gradins dégradants

jeudi 28 février 2008 08:00 par JPJ    Metz

" Vous n'avez presque rien fait sur cette histoire de racisme à Saint-Symphorien ! ".  Si.  On a fait... L'interview de Babacar Gueye, témoin direct  dans nos colonnes la semaine dernière, l'analyse des réactions et la relation plutôt sobre des faits en page sports par Aurélia Salinas dans ce même numéro 154. Mais il est vrai que nous n'avons ni décerné le titre de lecteur d'honneur de la Semaine à Ouaddou, le capitaine valenciennois, ni cherché à interviewer alors  que cela nous était proposé, l'habitant de Woippy qui avait proféré les insultes. Il nous semblait que dans ce déferlement de plaintes et de commentaires, il était urgent de prendre un peu de temps pour comprendre.  De ne rien nier mais pour autant de ne pas hurler systématiquement avec les loups. Des loups trop contents de trouver une proie qui arrange tout le monde.
La violence et la vulgarité de certains supporters, verbale et gratuite le plus souvent, physique ou menaçante parfois, nous insupportent et nous l'avons exprimé à plusieurs reprises. " Metz, ton foot fout le camp " écrivions-nous il y a quelques mois en ne comprenant pas pourquoi tant de complaisance avait longtemps accompagné cette dérive. Et puis, on l'a vu, la goutte d'eau supplémentaire et lancinante d'injures racistes a déclenché l'accumulation des plaintes, des déclarations, des commentaires. Aussi bien de la part du football et du joueur que des arbitres, des clubs, des villes,  des autorités.
Haro sur ce baudet-là  qui demandait à être remis fermement en place… ou à la porte. Haro sur ce club qui se morfond dans les profondeurs du classement, haro sur cette ville tout là-bas dans le coin de la carte, sur ces relents d'histoire et de clichés qui aboutissent le plus souvent dans la presse nationale à un jugement au mieux condescendant. Une région à qui, lorsqu'elle gagne, on reconnaît des valeurs laborieuses et ou de discipline mais que l'on renferme, dès les soucis venus, dans d'autres clichés bien plus négatifs mais tout aussi confortables pour ceux qui les véhiculent.  Alors voilà. Nous avons attendu une semaine avant de revenir sur ce sujet. En  regardant notamment comment nous aurions dû réagir personnellement si nous nous étions retrouvés dans une tribune à côté d'un tel énergumène. Problème d'éducation et de sensibilisation.  Un aspect évoqué par l'un de nos invités du Bon Plan, lauréat d'un concours de projets, il y a quinze jours dans ces colonnes. Nous avons demandé l'avis des  éducateurs et des sociologues....et en avons fait un dossier dans les pages qui suivent.
Et puis, lundi,  il y a eu cette autre information au lendemain du match à Lyon à propos de gestes nazis commis par un clan de supporters extrémistes messins. Une situation dénoncée par un responsable du club messin qui a pris les devants. Une plainte venue du FC Metz lui-même afin de stigmatiser ces attitudes, de tenter d'éradiquer enfin ces comportements. Attitude courageuse et réaliste puisqu'elle vise à obtenir un support législatif ou administratif permettant d'interdire à ce genre de groupes l'accès au stade. Mais attitude de polarisation et nouveau risque de caricature dont on se demande où il finira si on se met à disséquer les propos et attitudes puis à les livrer en pâture à l'opinion publique.
Je pense qu'un vrai travail de fond doit être fait, qu'une réelle position du club par rapport à ces enjeux doit être trouvée. Qu'une autre dynamique d'ambiance pourrait être insufflée à Saint-Symphorien en espérant qu'elle déteigne. Ni facho, ni raciste, ni violent le spectateur a tout simplement envie de réapprendre à vivre avec son équipe sans être parqué, disséqué, analysé par des milliers de regards, de caméras et de portables.
A force de tendre sans cesse le micro ou le miroir des écrans à tout le monde, il ne faut pas s'étonner d'y entendre, d'y voir mis en orbite un certain nombre d'âneries et de monstruosités.   C'est comme si on avait filmé Nicolas Sarkozy pendant toute sa visite au salon de l'agriculture...
Le spectateur aux propos racistes comparaîtra le 18 mars.  Après, ce sera peut-être enfin le printemps, même sur les stades. Même à Metz.

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