François Mitterrand à Metz

mercredi 3 décembre 2008 08:10 par JPJ    Metz

des chemins du pouvoir à l’avenue de la mémoire.

Il aura son avenue au pied du Centre Pompidou Metz.  Ainsi devrait en décider le conseil municipal messin de jeudi. François Mitterrand dont une partie du destin s’est jouée en Moselle lors de la dernière guerre,  puis au congrès du PS à Metz  il y a 29 ans,  va recevoir l’hommage officiel, même s’il est tardif, d’une ville passée à gauche au printemps dernier. Pour le PS, ce sera aussi l’occasion de serrer les rangs autour d’une figure redevenue légendaire.

C’est dans « le Noir et le Rouge » que Catherine Nay raconte comment,  lors de sa fuite des camps allemands au cours de la dernière guerre mondiale, François Mitterrand s’était réfugié un jour à Boulay en Moselle où il avait trouvé  à s’abriter.  Dans un autre ouvrage, les «  7 Mitterrand »  la journaliste raconte aussi comment en 1979, le congrès de Metz du Parti socialiste  avait été le tournant qui avait permis à François Mitterrand de prolonger son rêve présidentiel avant de le réaliser à deux reprises en 1981 et 88.  Celui que l’on donnait usé et perdant après ses deux tentatives de 1965 et 74  avait retourné la situation face à Rocard lors d’une journée mémorable au parc des expositions de Metz. Un congrès qui n’avait pas grand-chose à envier en intensité et en tractations à celui de Reims si ce n’est que les mitterrandistes  n’avaient pas eu besoin de consulter la base à l’époque pour couper les ailes aux rocardiens.

la maladie
Mitterrand et Metz : en dehors de ces deux événements  toute une série d’autres épisodes  ont jalonné les 30 dernières années. Parmi eux la première visite du président  François Mitterrand en province, la révélation de sa maladie puis l’entrée dans un gouvernement d’ouverture de Jean-Marie Rausch, maire de Metz en 1988.
OCTOBRE 1981. Elu président de la République depuis le 10 mai François Mitterrand choisit d’effectuer en Lorraine son premier voyage officiel. Une terre dans laquelle  le tribun de la gauche était venu promettre un nouvel avenir à la sidérurgie et même aux mines lors de sa campagne électorale. Ce matin-là , lors de sa visite protocolaire au maire de Metz et de la signature du livre d’or de la ville, François Mitterrand apparaît particulièrement fatigué, le teint cireux avec  une transparence de porcelaine.  Ceux qui emplissent le salon de l’hôtel de ville ignorent qu’au cours de la nuit s’est  révélé et amplifié en urgence le mal dont il souffre déjà. Une maladie qu’il cachera longtemps au mépris d’une transparence qu’il avait lui-même réclamée après la mort de Georges Pompidou.

l’ouverture
JUIN 1988 : après des présidentielles assez largement dominées par François Mitterrand et une majorité rose qui à l’Assemblée a balayé la vague bleue née des législatives à la proportionnelle de 1986,  sonne l’heure de l’ouverture et du gouvernement Rocard. Le battu de 1979 à Metz, l’éternel  aspirant,  s’apprête sans le savoir à recevoir son coup d’usure gouvernementale.  Il disparaîtra au profit d’ Edith Cresson puis de Pierre Bérégovoy.  Trois gouvernements dans lesquels figureront des représentants du centre droit dont Jean-Marie Rausch  au Commerce extérieur, aux Postes puis aux PME.
Ces quatre dates sont celles des principaux rendez-vous de François Mitterrand avec Metz. Le cinquième sera  donc le baptême de cette rue nouvellement créé entre l’avenue André Malraux et l’avenue Louis le Débonnaire, le long du centre Pompidou Metz en cours de construction. Deux présidents qui ont été des hommes de plume et de culture. Ils cohabitent à Paris, l’un à Beaubourg et l’autre à la grande bibliothèque. Ils seront voisins à Metz.

bonne pioche ou choix dépassé ?
Puisque la rue est nouvelle et qu’on pouvait difficilement se contenter de l’appeler éternellement  Est-Ouest, le choix de lui faire porter le nom de François Mitterrand paraît plutôt malin. Il est suffisamment rapide pour être comptabilisé dans l’effet arrivée de la gauche. Il évite de débaptiser quoi que ce soit. Il préserve la possibilité de donner à la future médiathèque le nom d’un phare culturel messin et laisse même libre l’hypothèse du nom d’un ancien maire de Metz pour le parvis. Enfin il rassemblera les socialistes ce qui n’est pas forcément le plus mince exploit.?