dur, dur… Pompidou !

jeudi 2 novembre 2006 12:00 par JPJ    Metz

" Chapeau l'artiste…  Shigeru Ban et Jean  de Gastines nous ont dessiné un joli projet pour le Centre Pompidou Metz. Des brassées de louanges leurs ont été légitimement adressées. Pour ce qui est de l'estimation financière par contre, on a un peu moins envie ces derniers temps de lever notre béret… à moins que ce ne soit pour le tendre afin de récolter  quelques fonds complémentaires.

Leur évaluation du premier projet à 37 millions d'euros semble avoir relevé du vœu pieux… ou du miracle escompté. C'est si vrai que dès les mois qui ont suivi le choix de cette équipe, un bras de fer s'était engagé entre les concepteurs et Metz (ville, agglo ou JMR ,c'est au choix et cela revenait en l'occurrence au même) pour empêcher une dérive vers les 42, voire 45 millions d'euros. " Ce sera 37-39 ou rien " déclarait alors Jean-Marie Rausch. En rognant sur les surfaces du programme et sur certaines caractéristiques de transparences de la voilure (même si cela a toujours été plus ou moins nié), on était apparemment arrivé à rentrer dans les clous.
En théorie du moins car la première épreuve de vérité, celle que constitue la réponse des entreprises susceptibles de construire un tel équipement a été impitoyable. L'appel d'offres est revenu infructueux. Sur les huit interlocuteurs retenus, parmi lesquels les plus grands groupes européens et les meilleurs spécialistes régionaux, ceux-là même qui se bousculent au portillon pour les autres opérations en cours ou en projet à Metz (hôpital, Amphithéâtre et compagnie) seuls trois avaient donné suite en remettant une offre. Et aucune d'entre elles n'était acceptable au regard des critères techniques et financiers prévus. Une procédure négociée a alors été engagée qui elle-même n'a débouché que sur une seule réponse. Elle émanait du groupe Demathieu et Bard une entreprise  lorraine de renom ayant déjà réalisé les Arènes et réellement motivée par ce chantier emblématique…
Son offre de base, à 49,9 millions d'euros  était apparemment la plus intéressante. Autant dire que, sur les critères de surface, de choix et de technologie du premier projet proposé à l'époque du concours, on se serait retrouvé plus proche de 55, bien loin en tout cas des 37 initiaux… On comprend mieux pourquoi, dans des dossiers comme celui du futur hôpital de Mercy, les responsables ont  préféré retenir un projet intégrant à la fois la conception et la réalisation… Même si les choses ne sont pas tout à fait comparables.
JM Rausch a beau dire avec une certaine ironie que pour le musée Pei à Luxembourg on est passé de 50 à 300 millions d'euros, que pour les projets de Mitterrand les prix triplaient en cours de route,  il se confirme bel et bien que dans les démarches expérimentales les repères, par définition n'existent pas ou du moins sont relatifs.
Après  de nouvelles adaptations et un certain nombre de choix techniques le projet a finalement été ramené à 44,98 millions d'euros… Un seuil marketing et psychologique. " Même pas 45 " aurait dit à l'époque Armand Knecht, président des commerçants de Metz. Mais il faudra y ajouter l'assurance décennale non encore déterminée, plus les révisions pendant les deux années qui vont s'écouler d'ici la livraison si tout va bien.  Du coup c'est l'enveloppe pour " tout ce qui est autour " qui apparaît un peu légère si l'on reste dans l'hypothèse d'un coût global maintenu à 60 millions HT.

Pas simple tout cela… et il faut le mériter son billet d'entrée dans la cour mondiale des grands au niveau culturel ! Grands projets grands soucis aurait pu dire ma grand-mère. Mais à l'époque elle s'intéressait plus à nous qu'à Pompidou !