la chaîne du chaud

mercredi 2 janvier 2008

D'où vient ce vague sentiment de fatigue exprimé au cours des derniers jours par des proches, des connaissances ou même tout simplement au hasard de rencontres ? D'où vient ce voile de lassitude tombé sur des fêtes programmées qui appartiennent à notre culture mais semblent, par certains aspects, devenues étrangères à notre vie ? Même si le sourire des enfants est resté aussi magique, même si la joie d'être ensemble est toujours aussi forte, cette interrogation ne m'avait jamais semblé formulée de façon aussi récurrente jusqu'ici.  

Un constat tout simple s'impose : par certains aspects, les fêtes semblent avoir pour ambition de nous garder identiques d'une année sur l'autre alors même que nous changeons. Un déphasage pas si neutre que cela. Aujourd'hui la joie, la ferveur et le partage naissent tout au long de l'année dans des tribus locales ou mondiales spontanées, suite à tel ou tel événement sportif ou politique, tel drame ou telle émotion. Ils sont les corollaires d'une circulation d'information devenue aussi instantanée que tentaculaire. Et tout cela a fini par éroder une partie du territoire des réjouissances plus traditionnelles... Sauf bien sûr si on les vit avec profondeur, ce qui suppose une culture souvent religieuse et une configuration sociale qui ne sont pas toujours évidentes.

Les fêtes de famille s'efforcent elles aussi de rester les mêmes alors que les familles ont changé. Explosé souvent. Concilier les calendriers des uns et les impératifs des autres relève parfois du miracle. Et le fameux cocooning qui permet tout au long de l'année de se blottir individuellement, de se tenir chaud en petit groupe n'est plus, ces jours-là, que la traduction d'une foule de manques : de contacts, d'amis, d'amour, d'envie tout simplement. Sortir dans la rue et voir les restes d'un marché de Noël prétendant pouvoir " tenir " encore jusqu'à la fin des vacances scolaires prend alors des allures de caricature. Noël qui étincelle trop en novembre est usé en décembre.

Usées aussi certaines pirouettes quand elles tombent mal! Patrick Poivre d'Arvor pédalait littéralement dans la semoule l'autre jour, juste avant de partir en vacances. Pour boucler son journal il avait à annoncer la " série " de la soirée sur TF1. En l'occurrence " Une femme d'honneur ". Allez savoir pourquoi, avec l'air de caniche déplumé qu'il prend parfois, il s'est permis d'y ajouter ce commentaire : " Eh oui, ça existe ! " Le cynisme aussi mon pauvre Patrick !

Et puis enfin ce drame dans la nuit de Noël à Metz. Une jeune maman centrafricaine est morte de froid à quelques mètres de l'endroit où ses amis faisaient la fête. Stupidité du comportement des uns et des autres, rupture de la chaîne de la chaleur humaine, de l'attention, de l'amitié et de la considération. Un mauvais conte d'Andersen et une petite fille aux allumettes qui n'aurait même pas eu le temps de rêver les choses à la lueur des flammes éphémères.

Vous souhaiter une bonne année après tout cela n'est pas un paradoxe. C'est une nécessité ! C'est vous dire que plus que jamais nous devons investir dans notre capacité individuelle et collective à créer de l'échange et du respect. Dans le vaste champ des énergies renouvelables il en est une qui se nourrit d'attention, produit le courant et la lumière pour faire tourner les cœurs mais aussi le monde : c'est la chaleur humaine. Avec vous, nous souhaitons tout au long de 2008 pouvoir la faire partager au plus grand nombre. Les ruptures de la chaîne du chaud sont bien plus mortelles que celles de la chaîne du froid avec lesquelles on nous rabat les oreilles... et là , il ne suffit pas de distribuer des sacs appropriés.

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