humeur

jeudi 29 novembre 2007

Ce sont de grands panneaux verticaux qui font à peu près un mètre cinquante de haut. Il est impossible de ne pas les voir quand on passe à côté du magasin. Ils représentent un homme dont émane une puissance inquiétante avec la légende suivante : “interprétez un maître assassin”.

Vous l’aurez compris, il s’agit de la PLV de lancement d’un jeu vidéo dont les jeunes raffolent sans doute et qui se trouve actuellement à l’entrée d’un certain nombre de boutiques spécialisées, parées pour la période si financièrement propice de Noël. Nous voici donc au cœur du problème, au bout du chemin qui mène de l’innovante découverte d’une nouvelle forme de distraction à une guerre commerciale sans pitié. Du thème des héros qui sauvent le monde à une surenchère de moyens et d’urgences dont la violence est de plus en plus implacable et bizarrement justifiée (l’illustration la plus évidente à la télévision est le fameux “24 heures chrono”). Au bout de la route, cette identification revendiquée avec un meurtrier, comme s’il s’agissait du rêve suprême de l’adolescent.

Curieux quand même que nous en arrivions à censurer une “cène” de fraternisation publicitaire un peu ambiguë, qu’on s’indigne des caricatures des humoristes, qu’on se choque pour un décolleté provocant ou une paire de fesses rebondies et que là, on n’enregistre pas la moindre réaction. Pas une association, aucun bien-pensant pour endiguer ce qui ressemble fort à un appel au crime, aussi virtuel soit-il. Il paraît que la même publicité passe à la télévision. Que fait le CSA ?

Cette attraction progressive pour “le mal” est peut-être symptomatique d’une mutation de l’éthique. Comment faire cohabiter les valeurs morales qui soudent notre société avec ses impératifs modernes ?

La vie professionnelle est une guerre et dans cette optique, mieux vaut être du côté des vainqueurs que du côté des perdants. C’est ce que l’on apprend à nos enfants et ce n’est pas le moindre des paradoxes. Le fait d’être un “tueur ” dans son travail, est-il compatible avec une conscience pacifique dans le quotidien ? Être un “maître assassin” dans ses loisirs, peut-il éduquer dans le sens d’une attitude non-violente ?

Ces questions mériteraient d’être sérieusement débattues à un moment où l’insidieuse dérive des concepts et des mots, remplace des valeurs pour lesquelles on ne croyait plus avoir à se battre.

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